A l’occasion de la tenue à Paris de l’événement Ambition Africa, le rendez-vous business de référence entre l’Afrique et la France, les 4 et 5 octobre 2022, Makers Africa est allé à la rencontre des participants. Nous publions en premier l’interview accordée par Monsieur Luc Missidimbazi, Conseiller, Chef du Département Postes, Télécommunications et Numérique du Premier ministre, Chef du Gouvernement, du Congo Brazzaville.
Makers.Africa – Comment le Congo Brazzaville met-il en œuvre sa stratégie pour monter en compétitivité et assurer l’inclusion des jeunes dans le domaine du numérique ?
Luc Missidimbazi – La première chose à souligner est que la stratégie du Congo dans ce domaine repose sur la vision insufflée par notre chef de l’Etat, le Président de la République Denis Sassou Nguesso, qui a consacré dans son projet de société un axe consacré au numérique, pour son inclusion et afin que les jeunes puissent saisir les opportunités offertes par le numérique. Et, aujourd’hui, cette orientation se met en place puisque nous avons désormais une loi sur les start-ups qui promeut l’entreprenariat dans ce secteur avec des avantages et des facilités pour les porteurs de projets innovants. Pour les jeunes, c’est une aubaine et force est de constater que voyons naitre au Congo de plus en plus de jeunes développeurs de projet. La stratégie politique est là. Et maintenant, nous avons les opérateurs qui sont en train de la mettre en application.
Makers.Africa – Dans cette suite, dans quelle mesure les universités sont-elles impliquées en tant que partenaires dans la réalisation de cette stratégie ?
Luc Missidimbazi – Nous avons deux universités et le grand Centre d’intelligence artificielle est implanté au sein de l’une d’elles, l’Université Denis Sassou Nguesso. Cela démontre encore cette volonté de vouloir développer le numérique en milieu estudiantin. Une détermination à aller de l’avant encore renforcée par le fait que c’est le Premier ministre lui-même qui pilote ce projet en tant que président du comité de pilotage. Il y a les universités impliquées dans la réalisation de la stratégie de transformation digitale du pays mais il y a aussi les centres de compétence qui se mettent en place dans le cadre toujours de cette vision, de cette stratégie, qui vise à multiplier les structures dédiées aux connaissances technologiques et numériques.
Makers.Africa – On connait surtout le Congo Brazzaville comme un pays pétrolier. Quels sont les autres secteurs que votre pays souhaite faire émerger à travers les investissements directs étrangers.
Luc Missidimbazi – Nous avons une politique axée sur la diversification de l’économie. La matérialisation de cette politique passe avant tout par la dynamisation des autres secteurs à fort potentiel. C’est le cas de l’agriculture, un pilier important dans le cadre de notre stratégie de diversification. Il y a aussi l’immobilier que nous avons intégré dans le plan national de développement, comme il y a les divers services qui s’appuient sur le développement numérique. Ce sont, entre autres, les piliers sur lesquels nous nous appuyons. Sans oublier le tourisme auquel nous accordons un intérêt particulier pour donner une nouvelle dimension à notre tissu productif et ne pas se limiter à l’économie pétrolière.
Makers.Africa – Les petites et moyennes entreprises congolaises sont-elles suffisamment armées pour développer des partenariats gagnant-gagnant avec des entreprises étrangères ?
Luc Missidimbazi – Très belle question puisque nous sommes là justement pour développer cette relation gagnant-gagnant au profit notamment de nos secteurs privés respectifs. Je tiens à souligner que dans le numérique, nous avons un club qui s’appelle “France – Congo Numérique”, porté par le Premier ministre congolais en personne et l’Ambassadeur de France au Congo. De par les différentes initiatives en place, nous avons un pont entre les entreprises françaises et les entreprises congolaises. Cela permet notamment d’adresser les problèmes auxquels font face certaines entreprises et faciliter les partenariats d’entreprises appelés à se mettre en place. Il y a un élément qui est très important aussi. Nous avons de gros investissements cette année portés par des sociétés françaises, à l’instar de GVA (Group Vivendi Africa) qui pose la fibre optique. Parallèlement à cela, s’activent des plateformes comme l’Osiane ou le Salon International des Technologies de l’Information et de l’Innovation qui se tient chaque année chez nous, depuis 2017. Ces initiatives permettent de mettre en place des projets avec des sociétés françaises et nous espérons que nous aurons une présence dynamique de la French Tech à Brazzaville, bientôt.
Makers.Africa – Comment voyez-vous le futur des relations économiques et d’affaires entre la France et le Congo Brazzaville ?
Luc Missidimbazi – Nous avons tous remarqué à Ambition Africa, lors du déjeuner officiel, que le terme “diplomatie économique” a été souvent évoqué. Ce qui donne une idée de la trajectoire que prennent les relations entre la France et l’Afrique. En outre, nous estimons que l’existence d’un ministère français en charge de l’attractivité, qui s’intéresse particulièrement à l’Afrique, peut faire avancer les choses rapidement et dans la bonne direction. De son côté, le Congo dispose maintenant d’un ministère d’Etat en charge de la Coopération internationale qui est notamment un outil de renforcement de l’attractivité du pays vis-à-vis des investisseurs et des partenaires. Il est nécessaire de miser opportunément sur ces dispositifs politiques pour développer de nouveaux partenariats. Business France est aussi là pour ça, sans oublier les autres entités comme France Export ou encore le Trésor et le Ministère des Affaires Etrangères. Je suis persuadé qu’il y a une multitude d’opportunités à concrétiser ensemble. Cela dit, il n’est pas inutile de rappeler les liens amicaux et historiques qui unissent nos deux pays, les projets importants développés avec l’Agence Française de Développement qui solidifient les relations franco-congolaises. En même temps, d’autres éléments viennent consolider ces acquis, tels que les soutiens financiers et matériels au profit de la culture, les forces armées, la sécurité… Tout cela participe à forger les bonnes relations entre la France et le Congo