Selon le rapport de Partech Africa, le fonds de capital-risque qui se focalise sur les entreprises de l’écosystème tech en Afrique, le financement en capital-risque du secteur ne cesse de croitre sur le continent. Sans surprise, le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya et le Ghana sont toujours les cinq principales destinations d’investissement en matière de tech en Afrique, avec une part du volume total restant relativement stable à 72 %.
Le secteur de la tech s’est développé plus rapidement que tous les autres marchés mondiaux, malgré un ralentissement global du capital-risque. En 2022, le Nigéria est resté en tête des destinations d’investissement, représentant 1,2 milliard de dollars en capital, malgré un recul de 36 % par rapport à 2021. L’Afrique du Sud, l’Égypte et le Kenya ont chacun attiré plus de 0,7 milliard de dollars de financement, le Ghana venant compléter le top 5 avec un peu plus de 0,2 milliard de dollars. Au total, 28 pays du continent ont attiré des fonds en 2022, dont 13 en Afrique francophone.
Selon Tidjane Deme, General Partner de Partech, si 2022 a été une année particulièrement difficile pour l’écosystème du capital-risque dans le monde entier, du fait que les investisseurs ont réduit d’un tiers leurs investissements, l’écosystème tech africain a fait preuve d’une grande résilience. De plus en plus d’investisseurs ont renforcé leur engagement sur le continent, en investissant dans des équipes locales et des fonds dédiés au marché.
Le financement total engrangé par les startups technologiques du continent a atteint 6,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2021, déployés sur 764 transactions, contre 724 en 2021. Le rapport de Partech Africa, qui s’appuie sur des opérations publiques et confidentielles, a vu le financement de la dette plus que doubler de volume, pour atteindre 1,55 milliard de dollars et 71 transactions (croissance de 65 % en glissement annuel). En comparaison, les levées de fonds en equity (capital-investissement) ont affiché une légère baisse, avec 653 startups technologiques africaines qui ont levé 4,9 milliards de dollars (- 6 %) en 693 tours (croissance de 2 % en glissement annuel).
La fintech reste le secteur le plus financé
Partech Africa souligne que, dans un contexte de baisse significative du financement par capital-risque au niveau mondial, l’écosystème tech africain se distingue avec une croissance solide. La filière Fintech est toujours en tête : elle a attiré 39 % du volume total en equity, le Nigeria étant en tête avec 23 % de parts. Le rapport révèle que l’écosystème était encore en accélération au cours des premier et deuxième trimestres de 2022 par rapport à 2021, la comparaison montrant une augmentation de 127% pour le premier trimestre et 83% pour le second trimestre en glissement annuel.
On remarquera cependant que le ralentissement mondial du capital-risque a freiné la croissance de l’activité au troisième trimestre (- 65 % en glissement annuel) et au quatrième trimestre (- 35 % en glissement annuel). En 2022, les activités de collecte de fonds sont restées inchangées à toutes les phases de financement. À hauteur de 1,4 million de dollars, le montant moyen des transactions d’amorçage a augmenté de 12% en 2022, tandis que la série A est restée inchangée, à hauteur de 8,5 millions de dollars. En outre, 2022 a vu une réduction significative du nombre de méga-tours (dépassant les 100 millions), avec seulement 7 transactions contre 14 en 2021. Et parmi les cinq pays constituant le top 5, seul le Ghana est parvenu à lever plus de 100 millions de dollars. La Fintech reste néanmoins le secteur le plus financé en Afrique, toutes sources de capital confondues, avec 39 % du volume total levé en equity (1,9 milliard de dollars) et 45 % du volume total en dette (691 millions de dollars). Les autres secteurs ont connu une croissance substantielle et ont gagné une part significative du financement cette année, notamment la Cleantech (entreprises et technologies qui favorisent le développement durable), qui a fait un grand retour avec 18 % du financement total en equity, à hauteur de 863 millions de dollars mais aussi 39 % du financement en dette, à hauteur de 605 millions de dollars. Une augmentation de l’engagement des investisseurs a aussi été constatée, avec 89 participants à 5 transactions ou plus (contre 65 investisseurs en 2021). Le nombre d’investisseurs en dette actifs sur le continent est multiplié par 2,5 en glissement annuel, avec un mix équilibré d’institutions de dette locales, de prêteurs internationaux avec des véhicules de marchés émergents et d’institutions de financement du développement.