Entretien avec Marie Andrée Castor, responsable du Fundraising au Samusocial international

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Pour découvrir l’activité de  Fundraising, nous sommes allés à la rencontre de Marie Andrée Castor. Elle nous explique ce que c’est, quel est son procédé et les domaines dans lesquels il s’exerce. Tour d’horizon sur Makers , journal en ligne dédié à la promotion de l’entreprenariat en Afrique. 

Makers : Marie Andrée Castor, pouvez-vous nous en dire davantage sur vous et votre parcours dans le fundraising ?

Marie Andrée Castor : Je fais du fundraising depuis 2005 alors que la loi qui réglemente cette pratique, la loi Aillagon en date du 1er août  2003 était encore méconnue du grand public. J’ai commencé par chercher des mécènes pour les expositions montées par Culturespaces au musée Jacquemart André.
Mon parcours dans le fundraising est celui de rencontres et de projets développés dans différents secteurs : culturel, confessionnel ou encore l’enseignement. Ces missions m’ont permis d’aborder les différentes techniques de collecte de fonds : crowdfunding, collecte grand public, approche grands donateurs, mécénat d’entreprises…
Je travaille au Samusocial International depuis 2019. La diversité des besoins en termes de financements privés me permet d’y appliquer toute la palette des méthodes de fundraising. Et c’est une chance !

Qu’est-ce que le fundraising, ou encore la collecte de fonds ?

Le fundraising, à ne pas confondre avec les subventions, c’est trouver des financements privés pour permettre à son organisation de mener à bien ses missions sociales ou de financer un projet bien défini. Il s’agit de développer l’approche stratégique qui sera la plus en phase avec un projet. Il existe diverses techniques permettant de collecter des fonds. L’emploi de chacune d’entre elles dépend des caractéristiques de l’organisation, de la cause et de la cible visée. Dans le cas où nous sollicitons des particuliers, ça sera sous forme de “dons” et lorsque nous sollicitons des entreprises, nous devons présenter des dossiers de mécénats ou répondre à des appels à projets sur mesure. Aux méthodes traditionnelles de collecte s’ajoutent de plus en plus de nouvelles techniques de collecte, liées à la professionnalisation du métier et aux nouvelles technologies (l’arrondi solidaire, crowdfunding, moteur de recherche solidaire, etc.) . C’est un métier en mouvement !

Quelles sont les compétences requises pour devenir responsable du fundraising dans une association, une entreprise ou toutes autres organisations ?

Les profils sont très variés. Les fundraisers ont généralement fait des études de gestion ou de commerce mais les formations généralistes sont très fréquentes.  Si l’on souhaite se professionnaliser aux méthodes dédiées à la collecte de fonds, on peut passer le Certificat français du fundraising.
Au-delà des compétences techniques qui relèvent aussi bien de la bonne connaissance du monde économique, de la gestion et qualification de bases de données, de capacités rédactionnelles et de pédagogie afin de se faire comprendre du plus grand nombre et de publics variés, les traits de personnalité comptent tout autant.
Il faut être créatif, réactif et disponible, avoir des qualités d’écoute, avoir une forte capacité de conviction afin de fédérer autour du projet de l’organisation. Il faut être tenace pour suivre des dons, ou des appels à projets dans des cycles parfois très longs. Enfin il faut faire preuve de rigueur dans le suivi de ses dossiers.

Comment effectue t-on un fundraising, quelles sont les modalités à prendre en considération pour garantir le succès d’une opération de collecte de fonds (timing, cibles, opération de communication autour…) ?

Il faut être organisé ! En amont le projet et l’objectif de collecte doivent être clairs. Il faut aussi  travailler sur le réseau de l’organisation, être minutieux dans la phase de qualification de la base de données.  Un travail préparatoire qui peut sembler être long mais qui est essentiel au succès de la collecte. Dans la phase active, il faut savoir être réactif. Il faut progressivement monter en puissance dans le cycle de sollicitation. Organiser des rendez-vous comme des petits déjeuners avec de potentiels grands donateurs ou des évènements pour un public plus large. La préparation de ces évènements – dîner, ventes aux enchères etc. –  peut prendre plusieurs mois.
En parallèle de tout cela, il faut composer des supports de communication dédiés.

Vous organisez très souvent des collectes de fonds pour le compte du Samusocial international. Dans quelles mesures ces levées contribuent-elles au développement de votre association ?

Il y a plusieurs facettes dans mon travail au Samusocial International. D’abord trouver des donateurs particuliers pour cette association loi 1901 pour nous permettre de mener à bien nos missions sociales. Le samu social international est présent dans 17 pays dans le monde, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique latine et aussi en Afrique. Dans cette perspective, nous avons décidé de développer une stratégie grands donateurs. L’idée est de fidéliser à notre cause des personnes qui ont une grande capacité de dons. C’est un travail de très long terme.
En parallèle, il faut donner plus de visibilité à notre organisation encore confondue avec le Samusocial de Paris – fondé par notre président le Dr Xavier Emmanuelli – et trop souvent considérée comme une grande organisation « qui a les moyens ».
L’autre facette est d’assurer la veille autour des fondations d’entreprises qui fonctionnent de plus en en plus par appel à projets, d’identifier de nouvelles sources de financement comme les fondations familiales ou les fonds de dotation.
Enfin, j’accompagne nos partenaires, les Samusociaux locaux dans leur recherche de financements. C’est ainsi que je travaille plus particulièrement avec le Samusocial Burkina Faso ou le Samusocial Mali. Là encore, il s’agit de trouver des soutiens pour financer les activités de ces dispositifs dont l’objectif est d’accompagner les enfants et jeunes en situation de rue. 

Dans un contexte où plusieurs startups et entreprises africaines peinent à décoller, du fait notamment de l’insuffisance de financement, pensez-vous que le Fundraising peut-être salutaire pour ces entreprises ? Si oui, comment ?

Oui, le fundraising peut-être une des solutions, la collecte de fonds n’étant pas une solution miracle. Il existe des plateformes de financement participatif dédiés aux entrepreneurs africains. C’est peut-être l’occasion de travailler son projet autrement, notamment autour de son réseau. On fait souvent une analogie autour de l’expression « les petits ruisseaux  (dons) font les grandes rivières ».
Par ailleurs, avec les fondations, il y a beaucoup d’opportunités de partenariats autour de l’économie sociale et solidaire

Y a-t-il des domaines d’activités où le fundraising connaît un grand succès ? Si oui, qu’est-ce qui les diffère des autres domaines ?

En France par exemple, les dons aux organisations d’intérêt général ont progressé de +13,7% en 2020. Le premier semestre a vu une concentration des dons en faveur de la recherche, la santé et de la solidarité qui est bien sûr liée à la crise du Covid (source : Baromètre de la générosité France générosité juin 2021). Ces prochaines années le thème de l’environnement sera au cœur de toutes les attentions dans le monde, côté donateurs comme des fondations d’entreprise.
De façon générale, les donateurs sont fidèles à leurs  causes, raison pour laquelle il est essentiel de privilégier du temps sur le relationnel mécène.

Y a-t-il des inconvénients ou pièges liés au financement de son activité par des collectes de fonds ?

Le fundraising n’est pas une réponse à tout. Se lancer dans une stratégie de collecte de fonds demande un vrai engagement et il faut savoir être patient avant d’obtenir les résultats de cet engagement.  On ne peut pas monter de gros projets en comptant uniquement sur les ressources privées. Elles viennent en complément.
Il faut tourner de façon positive la rigueur nécessaire à la réussite d’une campagne. Par ailleurs l’aventure humaine associée aux projets de fundraising est très porteuse.

Pour finir, quelles sont les réussites et les échecs que vous comptabilisez en tant que responsable de fundraising ?

Les projets que l’on m’a confiés étaient tous, dans leur spécificités, forts et porteurs de sens et de valeurs. C’est un moteur dans mon travail. Cela n’a pas été compliqué d’incarner ces projets, que ce soit la création d’un espace muséographique, la rénovation d’une école et même la construction d’un monastère ! L’adhésion à un projet que ce soit à travers un don de 5 € comme pour un don de plus milliers d’euros apporte beaucoup de joie.
Ma mission aujourd’hui est plus généraliste : le Samusocial International agit contre l’exclusion sociale dans les grandes villes du monde à travers le développement de dispositifs samusociaux. Même si je ne vois pas tous les jours les résultats de mon travail, que tout le monde ne part pas immédiatement avec nous car il y a beaucoup d’autres belles œuvres, je pense aux bénéficiaires de cette cause.  Des enfants et jeunes en situation de rue en Afrique, les familles vivant dans les bidonvilles en Amérique latine, les adultes sans abri dans des grandes villes d’Europe…qui ont besoin de soutien et de professionnels à leurs côtés !

La rédaction 

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