En Afrique, plus de 600 millions de personnes vivent encore sans électricité. L’accès à l’électricité (non polluante) est donc une priorité, principalement en zones rurales éloignées des réseaux électriques. Pour ces populations, les solutions off-grid ou « hors réseau » représentent de véritables options pour pallier l’absence de réseaux de distribution électriques centralisés. D’où l’opportunité pour les jeunes entrepreneurs du continent de parier sur la filière off-grid solaire.
De nombreuses start-ups africaines ont réussi leur pari, à l’instar de la jeune entreprise kenyane SunCulture qui s’est lancée sur un nouveau segment du marché off-grid solaire, à savoir une solution de pompage solaire pour les petits agriculteurs, qui se veut à la fois connectée, innovante, mobile, facile d’utilisation et économe en eau et en engrais. C’est aussi le cas de Baobab+, une entreprise innovante qui propose notamment un kit d’accès à l’énergie solaire selon un modèle Pay As You Go.
Makers Africa, pour ce mini dossier, se réfère à divers études et productions dont les rapports de l’Off-Grid Market Development Fund et le manuel produit par la Coopération Allemande pour le développement des projets d’énergies renouvelables en Afrique australe et dans l’océan Indien.
Bien étudier son marché et son environnement
On sait aujourd’hui que le marché de l’énergie off-grid solaire en Afrique représente une opportunité économique de l’ordre de 24 milliards $ par an. C’est ce qui ressort de l’étude « The Grid won’t connect Africa, but solar can », publiée par le cabinet-conseil Kleos Advisory. Ce chiffre provient de la statistique selon laquelle 120 millions de ménages n’ont actuellement pas accès à l’énergie sur le continent. Chacun de ces ménages dépense en moyenne 200 $ par an pour le service énergétique. Ce sont donc 24 milliards $ d’opportunités disponibles annuellement pour les entreprises proposant des solutions solaires hors réseaux. Les différentes opportunités liées aux biens et services additionnels que proposent les entreprises de solutions solaires off-grid ne sont pas prises en compte. Au cours des quatre dernières années, plus de 5 millions de kits solaires individuels ont été distribués sur le continent.
Mais il faut tenir compte du fait que chaque village a ses propres spécificités qui influent sur son marché. Il est donc important de bien cerner ces spécificités afin de savoir comment lancer son projet et susciter l’adhésion du segment cible. Tout porteur de projet examinera d’abord les projections de rendement avant de s’engager davantage. Les coûts d’investissement initiaux dans les mini-réseaux indépendants verts sont relativement élevés, notamment pour l’achat et le raccordement des équipements de production d’énergie renouvelable et la construction de réseaux de distribution. Les promoteurs de projets doivent ainsi consacrer le temps nécessaire à la préparation des projets, à l’identification des communautés cibles et aux interactions avec les responsables locaux et les chefs traditionnels, ainsi qu’à la sensibilisation des utilisateurs finaux potentiels.
Autre constat, les utilisateurs finaux dans les zones rurales ont des revenus relativement faibles, si bien que les ventes d’électricité peuvent ne pas être rentables à court terme pour le promoteur, à moins que l’équipement ne desserve des utilisateurs des secteurs productifs ou des clients fiables et fidèles. A ne pas oublier non plus que les conditions peuvent être difficiles en milieu rural, et cette situation risque de créer des obstacles en ce qui concerne l’élaboration, le financement, la phase de construction, la mise en route, la phase d’exploitation des projets.
Quand vous aurez rassemblé les données nécessaires à même de répondre aux questions posées à travers les conditions évoquées plus haut, veillez ensuite à rédiger un business plan structuré. Ce document permet de potentiellement financer le projet d’entreprise. Mais aussi, il permet de trouver le modèle d’entreprise le plus rentable et le plus durable, en fonction de votre projet.
Mobiliser les fonds nécessaires
Une fois votre business plan élaboré, vous aurez à lancer le processus de mobilisation des ressources financières. A savoir que le financement d’un projet est représenté dans le passif du bilan. Il y a deux canaux pour obtenir des financements : interne et externe. Le financement interne peut être généré par les propres opérations de l’entreprise. Le financement externe, en revanche, fait référence aux sources de financement qui viennent de tiers.
Les capitaux propres sont les ressources financières que possède une entreprise hors dette. Le financement par capitaux propres est une forme de financement dans laquelle une entreprise, soit vend une partie de ses fonds propres, soit augmente ses fonds propres. Dans les deux cas, les fonds propres en forme d’actions sont vendus ou augmentés par un investisseur.
A noter également que les fonds de placement privés offrent des capitaux propres aux entreprises. L’investissement en capital propre se caractérise par un investisseur qui investit avec une prise de participation dans une entreprise non cotée en bourse. La plupart du temps cette participation est majoritaire (plus de 50% des capitaux propres totaux) et à moyen-long terme (cinq à dix ans). L’investisseur dispose par conséquent d’une forte équipe chargée de la direction et de la gestion au sein de l’entreprise.
Quant aux fonds de capital-risque, ils se spécialisent dans l’octroi de fonds aux jeunes entreprises ou « startups ». Le capital risque est une forme d’investissement en capitaux propres destiné aux entreprises jeunes, non cotées en bourse et innovantes, cherchant à se positionner sur un marché ou agrandir et consolider leur présence. On parle souvent aussi de capital d’amorçage (ou « seed capital ») quand ils interviennent dans une phase très précoce de développement des start-ups parce-que ces investissements couvrent les dépenses de la période où l’entreprise ne réalise pas encore de chiffre d’affaires.
Développer des partenariats efficients
Parallèlement, vous aurez à identifier et approcher les différentes structures à même d’accompagner le lancement de votre projet. De nombreux organisations appuient, directement ou indirectement, les jeunes voulant se lancer à l’instar de l’Off-Grid Market Development Fund. Il y a aussi le Fonds d’accès à l’énergie off-grid solaire pour une amélioration de l’inclusion énergétique (FEI OGEF) qui a levé 95 millions $ pour l’accompagnement des entreprises actives dans la filière.
Pratiquement chaque pays d’Afrique dispose aujourd’hui d’organisations étatiques et de structures non gouvernementales qui accompagnement celles et ceux qui souhaitent se lancer dans les projets innovants et durables comme l’off-grid solaire. Il s’avère aussi important d’intégrer les plateformes associatives qui réunissent les jeunes entrepreneurs et les partenaires potentiels.
Enfin, votre stratégie de partenariat ne doit pas se limiter au ciblage des appuis financiers potentiels. Il est tout aussi important d’acter des collaborations dans divers domaines (technique, communautaire…). Le but étant de maitriser les coûts, d’intégrer des technologies plus innovantes (ex. de nouvelles chimies de batteries, des EMS plus intelligents) ou aussi de disposer de soutiens locaux pour mieux sensibiliser la clientèle cible.