A l’heure où les dirigeants du monde entier se retrouvent à Charm el-Cheikh, en Egypte, dans le cadre de la Conférence sur les changements climatiques, la COP 27, Makers Africa s’intéresse à l’offre de formation pour travailler dans le secteur de l’environnement en Afrique.
Le combat au profit de la planète passe avant tout par la formation. Ce constat est désormais mis en avant en Afrique, continent frappé de plein fouet par les effets du dérèglement climatique. A savoir que d’après les études menées sous l’égide de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), plus de 3 millions d’emplois verts devraient se créer sur le continent dans les cinq années à venir. Raison pour laquelle les établissements d’enseignement supérieur s’activent pour proposer et diversifier les formations dans le secteur de l’environnement et du développement durable.
Leadership sud-africain
L’Afrique du Sud est considérée par la plateforme Studyrama comme le pays le plus en pointe en Afrique dans le domaine de l’enseignement supérieur environnemental. Le cursus Master en gestion de l’environnement de l’Université de Johannesburg est le plus connu du pays et du continent.
De son côté, l’Université de Stellenbosch, dans la province du Cap occidental, a lancé l’année dernière une école d’études climatiques, la première en Afrique. L’école a été ouverte pour soutenir la transition du pays vers une société résiliente face au réchauffement climatique et une économie à faible émission de carbone. Elle ambitionne de créer une capacité transdisciplinaire pour combiner les systèmes de connaissances liés au climat des facultés de l’Université, les politiques et initiatives climatiques du secteur public, les capacités de redressement et d’innovation climatiques du secteur privé et la mission d’impact social des efforts académiques et appliqués de l’Université. Notons que l’établissement a reçu le soutien du gouvernement.
Les universités de Johannesburg et de Stellenbosch ne sont que quelques exemples, mais pratiquement toutes les universités sud-africaines, voire de l’Afrique australe, offrent maintenant différentes options pour se former au secteur de l’environnement. Force est de constater que la Nation arc-en-ciel s’est beaucoup activée ces dernières années pour arrimer son système éducatif aux enjeux du développement durable.
En Afrique de l’Est, la dynamique est aussi en marche, notamment au Kenya, en Ethiopie et en Tanzanie. Cette dernière vient d’annoncer le lancement du programme d’enseignement supérieur pour la transformation économique (Higher Education for Economic Transformation -HEET-). Le programme quinquennal budgétisé à 425 millions de dollars vise à transformer le secteur de l’enseignement supérieur pour qu’il contribue au développement durable du pays.
En Afrique centrale, les universités s’allient
Dans un contexte où le changement climatique et d’autres facteurs écologiques et humains dégradent de plus en plus les environnements de l’Afrique centrale, les universités privilégient les partenariats. C’est le cas des universités de Douala et de Yaoundé au Cameroun, de l’Université Omar Bongo et de l’Ecole nationale des eaux et forêts au Gabon. Le consortium forme les ingénieurs et étudiants sur la gestion durable des espaces à protéger, notamment les forêts, les littoraux et les aires marines.
Le dernier appel à candidatures pour le cycle de master en gestion intégrée des environnements littoraux et marins (GIELM), pour le compte de l’année académique 2021/2022, a prévu le recrutement de 40 étudiants. Le programme se déroule en 2 ans et la première année est consacrée aux stages appliqués, soit à la recherche scientifique dans les aires protégées marines et côtières, soit à des analyses pluridisciplinaires et intégrées de situations et problématiques littorales. Un stage d’immersion professionnelle est prévu au cours de la deuxième année.
Toujours en Afrique centrale, la faculté des sciences de l’Université de Kinshasa mérite aussi d’être citée. Unique en son genre dans la sous-région, ce département organise des enseignements et de la recherche. Le 1er cycle comprend le graduat (B+3) en Sciences de l’Environnement. Le second cycle de licence en Sciences de l’Environnement dure 2 années après le graduat, avec une filière Systémique, Biodiversité et Conservation, une Filière Génie et Assainissement et enfin une filière Ecologie urbaine et aménagement.
L’Afrique de l’Ouest veut rattraper son retard
A la traine face aux autres régions du continent, l’Afrique de l’Ouest compte rattraper son retard. Quelques établissements de formation dans le secteur de l’environnement sont déjà actifs depuis quelques années, à l’instar de l’Institut Ouest Africain de l’Environnement (IOAE), dont le siège se trouve à Bissau (Guinée Bissau). Selon ses promoteurs, cet institut est né afin de combler la rareté d’offre de formation en stratégies permettant d’intégrer l’environnement au développement. Fondé par des enseignants-chercheurs et des professionnels de l’environnement, l’IOAE soutient qu’il s’appuie sur une démarche proposant des méthodes appropriées pour anticiper, identifier et résoudre des problèmes environnementaux concernant les politiques, programmes et projets de développement.
Pour sa part, le Centre de services scientifiques d’Afrique de l’Ouest sur le changement climatique et l’utilisation adaptée des terres (WASCAL), basé à Accra, au Ghana, a signé récemment un protocole d’accord avec le centre de recherche Forschungszentrum Jülich GmbH et l’université RWTH Aachen, tous basés en Allemagne. L’accord tripartite prévoit, entre autres, de développer des programmes de recherche et de formation dans le domaine de l’énergie et de la technologie de l’hydrogène vert en Afrique de l’Ouest.
Selon le Dr Moumini Savadogo, directeur exécutif de WASCAL, « le programme, premier de son genre en Afrique, est conçu pour préparer la prochaine génération à relever les défis énergétiques de l’adaptation et de la résilience au changement climatique en Afrique de l’Ouest ». En effet, la partie ouest africaine du continent connaît ces derniers temps les affres du changement climatique. Entre inondation, sécheresse et réduction des capacités agricoles, ces changements entraînent avec elles la menace de la pauvreté et de la famine. Face à cette situation, pour le WASCAL, l’adoption de la technologie de l’hydrogène vert est une solution incontournable au problème. Cette initiative, financée par le ministère fédéral allemand de l’Education et de la recherche, va lancer prochainement un appel à candidatures. Les étudiants de la sous-région pourraient bénéficier, dans ce cadre, de bourses complètes dans les principales universités du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Sénégal.
Partenariat entre l’Egypte et l’Italie
En Afrique du Nord, les formations supérieures dans le secteur de l’environnement commencent aussi à se multiplier. En Egypte, le programme de formation égypto-italien sur l’eau entame sa phase opérationnelle. Le Centre régional de formation, en partenariat avec l’Institut agronomique méditerranéen de Bari, fonctionnera grâce à un financement de 2,3 millions d’euros alloué par l’Italie.
Le projet a été lancé dans le cadre de la stratégie égyptienne pour le développement durable à l’horizon 2030. Cette stratégie accorde une place importance à la gestion des ressources dans un contexte de préservation de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. En Egypte, la question de la gestion de l’eau est une priorité pour le gouvernement. Cela en raison de la dépendance du pays à cette ressource, notamment dans le secteur agricole où la quasi-totalité des activités se fait par irrigation.
Les formations déployées par les deux établissements de formation signataires s’adressent en premier aux ministères égyptiens de l’Irrigation, de l’Agriculture, du Logement, de l’Electricité et de l’Environnement. Puis, elles vont cibler les universités et instituts de recherche du domaine en Egypte, avant de s’étendre à d’autres pays de la région.
A noter que les autres pays de l’Afrique du Nord multiplient aussi les formations d’ingénieurs répondant à la nécessaire transition écologique. De nombreux ateliers ont été organisés pour identifier les solutions concrètes pour améliorer la formation de techniciens supérieurs et des ingénieurs dans le secteur de l’environnement et du développement durable.
La Redaction