L’Afrique se digitalise et ses villes aussi, notamment pour répondre aux problématiques engendrées par l’explosion démographique. Les smart-cities ou villes intelligentes émergent sur le continent. Qu’est-ce qu’une smart-city et quelles sont ces villes africaines qui se définissent aujourd’hui comme telles ? Eléments de réponses avec Makers.
Dans son rapport Africa’s Cities, la Banque mondiale assure que la croissance des villes africaines sera au cœur du développement du continent. Quelque 60% de la population du continent va résider en métropole d’ici 2050, selon l’Onu-Habitat. Dans ce contexte, la smart-city vise à répondre aux défis qu’engendre l’urbanisation frénétique.
La digitalisation prend une part importante dans la mutation des villes, et d’ici peu, presque tout se fera à l’aide de l’intelligence artificielle. A l’ère des nouvelles technologies, l’Afrique ne reste pas en marge dans la transformation de ses métropoles en villes nouvelles et intelligentes, les smart-cities.
Une smart-city est une ville qui allie innovation technologique, numérique et modernité pour améliorer les services urbains et leurs coûts au profit du développement durable et de l’économie.
Des pôles d’innovation sur tout le continent
Certains pays africains portent un intérêt non négligeable au concept de smart-city. A défaut de transformer toute une ville, ils créent des pôles ou des zones dédiées à l’innovation technologique et au numérique.
C’est l’exemple du Bénin, qui a lancé en 2016 le projet Bénin Smart City, à Cotonou. Après sa réalisation et comme son nom l’indique, Bénin Smart City vise à être le premier quartier numérique du pays. En 2017, ce projet voit le jour sous une autre forme et devient la Cité internationale de l’innovation et du savoir (CIIS) ou Sèmè City. Pour ces débuts, ce hub technologique africain s’appuie sur la formation, l’incubation des startups, l’entreprenariat et la recherche scientifique. Smart-city en construction, Sèmè City ambitionne d’être une éco-cité à fort potentiel économique d’ici quelques années.
De l’autre côté du continent, Kigali Green City est le concept ambitieux déployé au Rwanda, en réponse à la volonté de transformer la capitale en ville intelligente. Pour réaliser sa smart-city, Kigali a conçu un projet qui allie nouvelle technologie et protection de l’environnement. L’urbanisation et la problématique du changement climatique sont prises en compte pour les travaux. Selon le chronogramme établi, la construction de la cité va démarrer en 2022, sur un site de 60 ha. A terme, Kigali Green City devrait être une ville à zéro carbone, avec 30 000 logements. Selon les projections, elle va impacter 150 000 bénéficiaires et créer 16 000 emplois.
L’Egypte épouse aussi le concept de ville intelligente à travers son projet The capital Cairo, qui consiste à construire, sur une superficie de 91 km², un quartier d’affaires et des zones ultra-sécurisées pour les administrations et les institutions. La finalité est de créer une nouvelle capitale égyptienne de 5 millions d’habitants avec un plan d’urbanisation ultra moderne.
Du Sénégal au Maroc, des hubs intelligents
Un canton futuriste sort de terre au Sénégal. Il est baptisé Diamniadio Lake City. C’est la ville intelligente de demain du Sénégal. D’ici 2035, ce vaste projet en construction devrait voir le jour. Il doit abriter des centres d’affaires, hôpitaux, hôtels, universités et des logements pour 350 000 habitants.
Cette nouvelle ville qui sort de terre aura ses routes, ses gares, ses trains, des infrastructures propres à elle. Comme toute ville intelligente, Diamniadio Lake City fait une belle part au numérique. En effet, sur les 2000 hectares (superficie réservée pour construire Diamniadio Lake City), 26 seront aménagés et consacrés à l’installation d’un parc numérique.
Le Maroc est considéré comme l’un des pays africains porteur d’espoirs en matière de smart-cities. A Casablanca, les choses avancent pour la transformation de la capitale économique en ville intelligente. Casablanca Smart City, la future cité intelligente de la capitale, progresse. La construction de l’écosystème est en marche grâce à des initiatives et les travaux entrepris pour faire émerger le rêve de transformation de la ville. Plusieurs projets sont en cours dans ce sens. Dans le domaine des transports par exemple, les choses évoluent. La mobilité intelligente est presque une réalité et est sur de bons rails.
Les Silicones valley africaines
Certaines capitales africaines ont significativement avancé dans le développement des smart-cities. Au sud de Nairobi, au Kenya, se trouve une “Silicone valley” africaine, dénommée Konza City. Il s’agit de l’une des villes intelligentes les plus réputées en Afrique. C’est un véritable technopole, qui va regrouper plusieurs entreprises de grande envergure mais aussi des startups. La science, les nouvelles technologies, le numérique, devraient se côtoyer dans ce lieu. Google, Intel, IBM, Samsung, Huawei, Nokia et Microsoft et autres leaders de la tech se sont positionnés dès le départ sur le projet.
Konza city est une vraie ville. Pour sa construction, un plan d’urbanisation est mis en œuvre, lequel a prévu au sein de la ville intelligente, des quartiers accessibles à pied, des parcs, des lieux de loisir, des voies pour le transport en commun, des lieux de commerce, des restaurants, et une gamme complète de choix de logements.
Le Nigéria aussi est l’un des pays d’Afrique que l’on cite en matière de smart-cities, pour avoir réussi à installer sa propre silicone valley dénommée Yabacon Valley. Située dans la capitale, Lagos, Yabacon Valley est une ville intelligente, qui regroupe plusieurs structures technologiques, institutions bancaires et d’enseignement, des stratups etc.
Il attire les grands groupes mondiaux de nouvelles technologies, tels que Facebook et Google. Les géants américains y avaient jeté leur dévolu en lançant tous deux de nouveaux projets à Lagos. Yabacon Valley se positionne aujourd’hui comme l’un des clusters technologiques africains.
Materne Aguessy