En 60 ans d’âge, la République de Côte d’Ivoire a connu cinq présidents à sa tête. Chacun d’eux est doté d’un certain bagage intellectuel. Avec Makers, replongez dans le parcours de ces hommes qui ont construit l’un des plus grands pays d’Afrique de l’Ouest.
Félix Houphouët Boigny, le médecin
Né vers 1905 à N’Gokro, en Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny est le premier président de la République de Côte d’Ivoire. Sa vie sur les bancs, il la commence à l’école du poste militaire de Bonzi, à la demande de l’administration coloniale française. En 1915, il poursuit ses études à l’école primaire supérieure de Bingerville, et intègre par la suite, en 1919, l’École normale William-Pontier. Il y obtient son diplôme d’instituteur et enchaîne, en 1921, avec l’École de médecine de l’Afrique occidentale française, d’où il sort major.
Le 26 octobre 1925, Félix Houphouët Boigny entame sa carrière en tant que médecin-auxiliaire à l’hôpital d’Abidjan, où il fonde une sorte d’amicale, qui rassemble le personnel médical indigène. Mais l’administration coloniale s’y oppose. Il est par la suite affecté en 1927 dans une autre ville du pays aux conditions de vie plus difficiles.
Le 3 septembre 1944, il fonde, en accord avec l’administration coloniale, le Syndicat agricole africain (SAA), dont il devient le président. Regroupant les planteurs africains mécontents de leur sort, le SAA, anticolonialiste et antiraciste, revendique de meilleures conditions de travail, une hausse des salaires et l’abolition du travail forcé. Ce syndicat gagne en notoriété et reçoit l’adhésion de près de 20 000 planteurs, ce qui déplait fortement aux colons, qui vont jusqu’à porter plainte contre Houphouët Boigny.
En octobre 1945, ce dernier est projeté sur la scène politique quand le gouvernement français décide de faire participer ses colonies à l’assemblée constituante et organise l’élection de deux députés en Côte d’Ivoire : l’un représentant les colons, l’autre les autochtones. Houphouët Boigny se présente et, grâce aux nombreux soutiens qu’il a acquis par son action syndicale, il est élu au premier tour avec plus de 1 000 voix d’avance. Il devient par la suite député au sein de l’assemblée française en 1947, puis Premier ministre de mai 1959 à novembre 1960. C’est ce dernier poste qui le hisse au sommet de l’État de 1960 à 1993, date de son décès des suite de cancer.
Henri Konan Bédié, le juriste
Le deuxième président de Côte d’Ivoire prend les rênes du pays en 1993 et achève le mandat d’Houphouët Boigny, avant d’être élu pour cinq ans en 1995. Son parcours scolaire et académique, Henri Konan Bédié l’entame à l’école primaire publique de Bocanda puis le poursuit au secondaire au Collège moderne de Guiglo. Au supérieur à l’École Normale de Dabou, il passe deux années en tronc commun, puis enchaîne avec une spécialisation en droit, en allant à la Faculté de droit et des sciences économiques de Poitiers (France). Il en sort juriste nanti d’une licence en droit, d’un Certificat d’aptitude à la profession d’avocat et d’un diplôme d’Études supérieures d’économie politique, puis docteur en Sciences Économiques. Président par intérim de 1993 à 1995, il est élu président en 1995 contre Francis Wodié. Un mandat qu’il n’achèvera pas, car renversé du pouvoir le 24 décembre 1999 par Robert Guei.
Robert Guei, le général d’armée
Son cursus scolaire et académique, Robert Guei le passe à l’École militaire préparatoire de Bingerville jusqu’en classe de troisième, où il obtient le brevet. Il part ensuite à Ouagadougou (Burkina Faso), alors sous administration française, puis à l’École normale William-Ponty au Sénégal, où il passe des stages de professionnalisation. En 1963, il rejoint l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en France. Puis obtient un brevet de l’École supérieure de guerre française.
Robert Guei est l’orchestrateur du coup d’Etat qui a renversé Henri Konan Bédié en 1999. Il a été chef de l’État de Côte d’Ivoire du 24 décembre 1999 au 26 octobre 2000, en tant que président du Comité national de salut public de la République de Côte d’Ivoire. Il a exercé cette fonction jusqu’en octobre 2000.
Laurent Gbagbo, le docteur en histoire
Né le 31 mai 1945, Laurent Gbagbo devient le quatrième président de la République de Côte d’Ivoire le 26 octobre 2000. Il commence ses études à l’école primaire publique du plateau, à Agboville, où vivent ses parents. Il obtient son baccalauréat au lycée classique à Cocody (Abidjan) en 1965, puis une licence d’histoire à l’université d’Abidjan en 1969. Il devient, en 1970, professeur d’histoire au lycée classique d’Abidjan. Chercheur à l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie africaine (Ihaaa) à partir de 1974, il est également titulaire d’une maîtrise d’histoire de la Sorbonne (France). Il soutient enfin, en juin 1979, une thèse de « docteur d’Université » (grade qui pouvait être attribué à un étudiant n’ayant pas suivi les cours de DEA indispensables pour soutenir une thèse de « docteur d’État ») en histoire intitulée Les Ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne : 1940-1960, à l’Université Paris-Diderot.
Alassane Ouattara, l’économiste international
Alassane Ouattara est né le 1er janvier 1942. Il arrive au pouvoir en 2010 et s’y maintient jusqu’à présent, à la faveur de trois mandats, le troisième entamé en octobre 2020. Économiste et expert financier chevronné, Alassane Ouattara compte à son actif une licence en sciences de l’Université Drexel ainsi qu’une maîtrise et un doctorat en économie à Philadelphie, en Pennsylvanie (Etats-Unis). Avant d’être président, il a travaillé pendant de nombreuses années à Washington pour le Fonds monétaire international (FMI).
Canicha Djakba