Google, Apple, Meta (ex-Facebook), Amazon et Microsoft, les cinq géants mondiaux du numérique connus à travers l’acronyme « GAFAM » sont de plus en plus présents en Afrique. Ces mastodontes, de plus en plus malmenés par les nouvelles réglementations en Occident, ont décidé de miser davantage sur le continent et en particulier les pays émergents d’Afrique.
Les multinationales du numérique savent qu’en 2050, un quart de la population mondiale vivra sur le continent. Et que la bataille pour gagner le marché africain a déjà bien débuté. Il s’agit de construire à présent des bases solides sur ce gigantesque marché en devenir. Il est donc logique que les GAFAM jouent des coudes pour accélérer en Afrique. Pour cela, ils s’organisent et mettent à la tête de leurs structures en charge de l’Afrique des managers de haut vol. Makers Africa porte un coup de projecteur sur celles et ceux à qui les GAFAM ont confié leur avenir sur le continent.
Google parie sur un ancien de Procter & Gamble
L’Indien Nitin Gajria, présenté comme le Monsieur Afrique de Google, a la grosse responsabilité de mener vers le succès le plan africain à un milliard de dollars sur 5 ans décidé par le leader mondial du moteur de recherche sur internet. Cet ancien de Procter & Gamble, âgé de 43 ans, est à son poste à Johannesburg, en Afrique du Sud, depuis 2019. Du déploiement du câble Equiano, qui connectera des pays comme l’Afrique du Sud, le Togo ou encore le Nigéria, au projet de transport de données Taara, en passant par le partenariat avec Safaricom pour le financement des Smartphones 4G et l’accélérateur African Investment Fund, les projets de Google sur le continent sont particulièrement ambitieux. Notons par ailleurs la nomination par Google de son tout premier vice-président, chargé de la technologie et de la société, le Zimbabwéen James Manyika, ancien directeur du McKinsey Global Institute.
Une Afrique à plusieurs têtes pour Apple
L’organisation de l’entreprise fondée par Steve Jobs se base toujours sur une philosophie industrielle de l’intégration verticale. Ce qui explique que l’Afrique, gérée à travers la politique EMEIA (Europe Middle East, India & Africa) du groupe, n’est pas pilotée par une seule personne chez Apple, mais supervisée par plusieurs managers. Certains sont basés aux Etats-Unis, d’autres au Royaume Uni ou à Dubaï. Ainsi, par exemple, Oliver Schusser, vice-président d’Apple Music et en charge du contenu, a été au-devant de la scène lors de l’annonce, en avril 2020, du déploiement d’Apple dans 25 nouveaux pays africains. Mais sur le continent, Apple s’appuie aussi sur des personnalités de premier plan comme Danielle Biyoga, présentée en tant que représentante exécutive régionale du géant californien de la tech lors du lancement du premier I-Center en Afrique centrale, à Douala (Cameroun), le 12 août dernier. La marque à la pomme a diversifié significativement ses services ces dernières années, pour pousser les utilisateurs de ses appareils à rester dans son écosystème, de la communication aux divertissements en passant par les courses en ligne et les solutions de paiement.
Meta doit acter l’après Nunu Ntshingila
Nunu Ntshingila-Njeke a annoncé, le mois dernier, qu’elle quittait Meta en Afrique après près de sept ans de collaboration avec le groupe de Mark Zuckerberg qui contrôle, entre autres, Facebook, Instagram et WhatsApp. La Sud-Africaine, ancienne présidente d’Ogilvy & Mather (2004 à 2015), diplômée de l’Université du Swaziland et de la Morgan State University aux États-Unis, est connue pour ses multiples distinctions dont le « Top Women in Business and Government Awards ». Celle ou celui qui lui succèdera aura du pain sur la planche, car Meta Africa développe plusieurs projets d’envergure sur le continent, à l’instar du câble 2Africa, le partenariat avec des opérateurs de téléphonie mobile pour un accès gratuit à la toile dans 17 pays africains, ou encore le projet « Made by Africa, Loved by the World » dans le domaine des industries créatives. Notons également le rôle de premier plan joué par l’ingénieur canadien d’origine libanaise Ramez Shehadi, Managing Director de Facebook pour la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord depuis 2018.
Une ex-Microsoft chez Amazon Web Services
L’Ethiopienne Amrote Abdella (Master en Economie du développement de l’Université de Brandeis, Massachusetts), est à la tête d’Amazon Web Services (AWS) pour la région Afrique depuis 2021. Cette ancienne cadre de Microsoft, passée aussi par le Forum économique mondiale et la Banque mondiale, pilote depuis Dubaï, aux Emirats arabes unis, et le Cap, en Afrique du Sud, le déploiement du groupe de Jeff Bezos sur le continent, après avoir été directrice Afrique de l’initiative 4Afrika de Microsoft, basée à Nairobi, au Kenya. Amazon peut déjà compter sur plus 4000 collaborateurs pour mener à bien ses projets africains, qui seront gérés depuis un siège social africain dont la construction coûtera 281 millions de dollars. Rappelons qu’Amazon a créé son premier centre de développement au Cap en 2004 puis ouvert un bureau pour Amazon Web Services à Johannesburg en 2015. En 2018, le groupe a déployé sa toute première infrastructure cloud sur le continent, en lançant les sites Amazon CloudFront, toujours en Afrique du Sud. Sur le terrain du streaming, Amazon Prime Video veut aussi accélérer, avec comme objectif d’enregistrer 2,2 millions d’abonnés africains dans cinq ans.
Kunle Awosika à la tête de l’Africa Transformation Office de Microsoft
Microsoft vient de jeter son dévolu sur Kunle Awosika pour diriger Microsoft Africa Transformation Office (ATO). Il remplace à ce poste Wael Elkabbany pour, selon Microsoft, mener « des initiatives stratégiques de transformation numérique en Afrique » et aussi promouvoir « l’autonomie financière de millions d’Africains pour favoriser la prospérité économique au sein du continent. » Kunle Awosika, présenté comme un vétéran de Microsoft et expert de l’Afrique, enregistre plus de 22 ans d’expérience au sein de nombreux pays du continent. Il fut l’un des trois membres de l’équipe pionnière de Microsoft à l’ouverture de son premier bureau au Nigeria. Ancien pilote du segment « Entreprise », mais aussi patron au Kenya et directeur « Petites et Moyennes Entreprises, Marchés émergents » au sein de la compagnie fondée par Bill Gates, Kunle Awosika a eu l’occasion d’accompagner un large éventail d’entreprises des secteurs public et privé dans leur transformation digitale.
Awosika apportera ainsi son expérience étendue des marchés africains, lui qui affirme être « fasciné par l’incroyable potentiel dont dispose l’Afrique pour devenir un continent ultra-connecté qui soit capable d’exporter des biens et des services numériques vers le reste du monde. » Lancé en 2021 par Microsoft, l’ATO vise à stimuler la croissance et à soutenir les investissements dans quatre domaines de développement essentiels : l’infrastructure numérique, la qualification, les petites et moyennes entreprises (PME) et les startups.