Une Académie de l’intelligence artificielle (AIA) sera ouverte en République Démocratique du Congo (RDC). Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan national du numérique 2026–2030 (PNN2) et de la première Stratégie nationale dédiée à l’IA, deux projets actuellement en cours d’élaboration. Elle vise à positionner le pays comme un acteur clé de la transformation numérique africaine.
Selon les explications fournies, cette académie sera un pilier essentiel de la souveraineté numérique du pays. Elle aura pour mission de former des profils techniques de haut niveau, de stimuler la recherche appliquée et de soutenir la création d’un écosystème technologique local. L’objectif, a-t-on indiqué, est de permettre à la RDC de ne pas subir la révolution de l’intelligence artificielle, mais de la diriger, pour et par les Congolais eux-mêmes. L’académie adoptera une approche « afro-centrée » de l’IA. Il s’agira de développer des solutions technologiques respectueuses de la réalité linguistique, sociale, culturelle et économique du pays. « L’idéal n’est pas de subir cette révolution, mais de la mener », ont insisté les responsables du projet, mettant en avant la volonté du gouvernement d’assurer une autonomie stratégique tout en favorisant une prospérité partagée.
Les domaines d’application prévus sont vastes : santé, agriculture, éducation, gouvernance publique et services sociaux. En formant des jeunes talents et en soutenant la recherche locale, l’académie contribuera à maîtriser les technologies émergentes et à promouvoir une innovation adaptée aux besoins des populations congolaises. Cette annonce intervient dans un contexte où le continent africain connaît une accélération sans précédent des initiatives en intelligence artificielle. D’après un rapport de Mastercard, le marché africain de l’intelligence artificielle, estimé à 4,51 milliards de dollars en 2025, pourrait atteindre 16,5 milliards de dollars d’ici 2030. Ce dynamisme est porté par la multiplication des start-up, l’essor des infrastructures numériques et la mise en œuvre de stratégies nationales dans des pays comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud.
La RDC, longtemps en retrait sur le plan technologique, souhaite désormais rattraper son retard en s’appuyant sur son potentiel démographique et universitaire. Le pays dispose d’une jeunesse nombreuse, connectée et innovante, qui représente un atout majeur pour bâtir une économie numérique compétitive. À terme, cette académie devrait générer des milliers d’emplois spécialisés, renforcer la recherche scientifique locale et favoriser une meilleure protection des données nationales. En développant une intelligence artificielle éthique et inclusive, la RDC entend également garantir que les bénéfices de la révolution technologique profitent à tous les citoyens, dans un cadre transparent et durable.
A savoir que l’Afrique du Sud, la Tunisie et l’Egypte sont aujourd’hui les pays africains les mieux préparés au développement des talents dans le domaine de l’intelligence artificielle , selon un classement 2025 publié par le cabinet de conseil en transformation numérique Qhala et la plateforme africaine de recherche axée sur l’IA Qubit Hub. Le classement, qui place la RDC au 43ème rang, évalue la capacité des 54 pays du continent à développer, retenir et déployer des talents en IA, en se basant sur 20 indicateurs tels que le pourcentage de développeurs par million d’habitants, le nombre d’établissements offrant des formations en IA et en « machine learning » (ML), le taux de pénétration d’Internet ou encore l’adoption d’une stratégie nationale de développement de l’IA.