Des pays de l’Afrique du Nord à la Tanzanie, en passant par le Rwanda ou encore le Nigéria, les grands projets de construction ou d’extension d’aéroports se multiplient en Afrique. Et malgré la crise pandémique qui a frappé de plein fouet le secteur de l’aviation, les pays maintiennent leurs ambitions aéroportuaires, arguant la croissance rapide des volumes de trafic passagers et de fret. Ces cinq dernières années, on recense une quarantaine de projets aéroportuaires de moyenne ou de grande envergure sur le continent.
La Tanzanie et le Rwanda maintiennent leurs ambitions
La Tanzanie a décidé de transférer le statut de capitale de Dar es Salam à Dodoma. Un choix qui a conduit au lancement d’un certain nombre de grands projets infrastructurels. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu, fin octobre 2022, la pose de la première pierre des travaux de construction du nouvel aéroport de Msalato, situé à 12 km de Dodoma. Les travaux prévus pour durer quatre ans sont confiés à un groupement d’entreprises mené par Sinohydro Corporation. L’infrastructure nécessitera un investissement de 329,47 millions USD, financé à près de 70% par la Banque africaine de développement (BAD). Le gouvernement tanzanien prévoit par ailleurs d’autres investissements aéroportuaires (plus d’un milliard USD) pour renforcer la connectivité aérienne du pays.
Au Rwanda, les ambitions sont aussi fortes dans le domaine aéroportuaire. Le pays veut compter sur le transport aérien pour doper ses échanges avec le monde. Kigali construit actuellement un nouvel aéroport international à 40 km au sud-est de la capitale. La réception de la première phase de l’aéroport international de Bugesera, d’un coût de 418 millions USD, est prévue pour 2023. Cette étape portera la capacité de la plateforme à sept millions de passagers par an. La seconde phase permettra d’atteindre 14 millions de passagers par an. Qatar Airways est l’investisseur majoritaire du projet depuis 2019.
Au Nigéria, Lagos vise haut
Le gouvernement de Lagos prépare actuellement le lancement de la construction d’un nouvel aéroport. La nouvelle plateforme, qui viendra en appui au principal aéroport nigérian implanté dans le même État, sera construite sur un site de 3 500 hectares sur l’axe Lekki-Epe, à l’est du centre-ville de Lagos. Selon les informations fournies, le premier coup de pioche devrait être réalisé en 2023, le plan directeur et les conceptions aéronautiques étant déjà bouclés. Des études sont en cours sur les stratégies et le financement du projet qui devrait coûter plus de 900 millions USD. L’aéroport prévoit d’accueillir un minimum de cinq millions de personnes par an et sera construit en partenariat avec des investisseurs locaux et étrangers.
Le nouvel aéroport vise à contenir la progression du trafic à Lagos, la plus importante agglomération du Nigéria qui compte près de 20 millions d’âmes. L’aéroport international Murtala Muhammed (LOS), unique plateforme aéroportuaire de Lagos à l’heure actuelle, est déjà saturé même s’il a bénéficié de travaux de modernisation et d’agrandissement, avec la construction d’un second terminal pouvant accueillir 14 millions de passagers par an. Notons, par ailleurs, que le gouvernement fédéral du Nigéria vient d’approuver un budget de 223,4 millions USD pour la construction d’une deuxième piste à l’aéroport international Nnamdi Azikiwe d’Abuja, la capitale administrative du pays.
Une forte concurrence en Afrique du Nord
La partie septentrionale du continent est marquée depuis des années par une rude compétition entre les pays pour capter les touristes internationaux. Ce qui impose des investissements conséquents en matière d’infrastructures aéroportuaires. Le Maroc a ainsi annoncé de nouveaux investissements dans les aéroports pour promouvoir le tourisme. L’Office national des aéroports (ONDA) compte débourser 370 millions USD, rien que pour 2023, afin de soutenir la croissance de l’activité des aéroports de Marrakech, Agadir et Tanger. Habiba Laklalech, première responsable de l’ONDA, a indiqué que dans le cadre du plan d’investissement « Envol 2025 », l’enjeu est d’éviter la saturation de ces plateformes aéroportuaires et de fournir des services optimaux en termes de navigation aérienne, de développement et d’exploitation des aéroports.
La Tunisie voisine consacre aussi une enveloppe conséquente pour booster la compétitivité de son secteur aéroportuaire. Située dans la région de Bouficha-Hergla à environ 100 kilomètres de Tunis, à une quarantaine de kilomètres de Sousse et d’Hammamet, le projet de nouvelle plateforme aéroportuaire (5.700 ha) se partagera les dessertes avec les aéroports de Tunis Carthage et de Monastir. Objectif annoncé : accueillir en première phase un trafic de cinq millions de passagers et atteindre en phase ultime une capacité de 30 millions de passagers par an.
Radhouane Ayara, ministre tunisien du Transport, a aussi déclaré dernièrement qu’un nouvel aéroport aux normes internationales sera créé d’ici 2030 à Utique – gouvernorat de Bizerte, pour un investissement de 683 millions USD, et que la restauration de tous les aéroports et leurs équipements s’étalera sur deux ans, afin d’améliorer leur capacité d’accueil. Il s’agit des aéroports de Djerba-Zarzis, de Tozeur-Nafta et de Tabarka. En ce qui concerne l’aéroport de Tunis-Carthage, il est indiqué que les travaux de restauration ont déjà démarré pour un coût de 63,5 millions USD avec un taux de réalisation de 50%. Cette restauration consiste en l’aménagement de 2 nouvelles zones pour le tri et la livraison des bagages, et ce, dans le but d’augmenter la capacité d’accueil à 7,5 millions de passagers par an, contre 5 millions par an actuellement.
Enfin, en Egypte, les autorités ne cessent de rappeler que le pays ne lésinera pas sur les investissements pour moderniser le secteur des transports. Notons que la reprise des opérations à l’aéroport de Sphinx vient d’être actée. La plateforme située à l’ouest du Caire a fait l’objet de travaux d’agrandissement de sa capacité, faisant passer sa superficie de 3 600 à 24 000 m2. Les installations peuvent désormais accueillir 1,2 million de passagers contre 300 000 antérieurement. L’aéroport a été modernisé et étendu pour un coût de 12,6 millions USD dans le but d’opérer un transfert des flux de l’aéroport du Caire (le plus important du pays). Il servira aussi d’infrastructure clé dans le développement de l’industrie touristique, en facilitant notamment l’accès au futur Grand Musée égyptien de Gizeh (GEM). A savoir que les études nécessaires au projet de construction du quatrième terminal de l’aéroport du Caire ont déjà été réalisées. Les réalisations à venir devraient réduire la densité dans les trois terminaux restants de la plateforme. Mais le coût des investissements n’a pas encore été dévoilé.