De Greentech Africa, jeune pousse basée au Congo Brazzaville qui produit un absorbant d’hydrocarbure naturel, au Kényan Bonnie Mbithie qui recycle des déchets informatiques, en passant Jirogasy, l’entreprise malgache qui fabrique des objets connectés et des kits solaires pour lutter contre la fracture numérique et l’enclavement énergétique, nombre de start-ups du greentech émergent à pas de course et sont convaincues que les nouvelles technologies vont jouer un rôle de premier plan dans le développement durable du continent.
On sait en outre que plus du quart des start-up technologiques africaines, qui ont collecté au total 6,5 milliards USD en 2022,surfent sur la vague green et, plus globalement, soutiennent contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Et la dynamique est soutenue par d’importantes institutions de financement du développement, des investisseurs institutionnels et les structures de capital-risque dont le nombre ne cesse de grossir. Aux côtés des Y Combinator, Kepple Africa Ventures, Launch Africa, P1 Ventures, Enza Capital, Partech Africa, Saviu Ventures, Orange Ventures ou encore Breega, de nouveaux investisseurs dans le greentech entrent en scène chaque année.
De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) constate que la montée en puissance des start-ups pariant sur la greentech participe de plus en plus à matérialiser la vision de la communauté internationale en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique. A savoir que la FAO vient de lancer le Programme d’accélération agroalimentaire des ODD, un instrument conçu pour aider les start-ups du système agroalimentaire à booster leur croissance. « En tirant parti de notre réseau d’innovateurs et en encourageant des solutions agroalimentaires locales grâce à un programme de soutien à l’innovation conçu sur mesure, la FAO s’offre de nouveaux moyens de renforcer son impact sur le terrain », a indiqué l’organisation onusienne.
L’Afrique est responsable de seulement 3,8 % des émissions mondiales annuelles de carbone et la majeure partie de sa population a un impact environnemental minuscule. Le principal défi est donc de savoir comment s’adapter à un climat déjà changeant tout en développant durablement son économie. C’est autour de cet enjeu que les entreprises innovatrices africaines tracent leur trajectoire de croissance.
Energie renouvelable, agri verte, déchets…
HydroIQ résout par exemple le problème pressant de l’approvisionnement en eau non fiable. La technologie développée par la start-up kényane surveille les réseaux d’eau pour identifier les fuites, prévoir la demande et fournir aux entreprises de services publics et aux consommateurs des informations de facturation plus précises. Soutenue par Techstars, Partech Partners et Google for Startups, elle s’est déjà étendue au Nigeria et en Afrique du Sud. Au Ghana, Easy Solar, co-fondée par Nthabiseng Mosia, commercialise des kits solaires modulaires “plug and play”. Ceux-ci vont des simples torches solaires aux panneaux à installer sur les toits pouvant alimenter les réfrigérateurs et les téléviseurs. Pour les rendre accessibles, la plupart sont vendus sur une base de location-achat. L’entreprise s’est étendue au Libéria voisin et a déjà permis l’accès à l’énergie verte à 720 000 personnes.
En Afrique du Nord, Laila Ayman, la fondatrice égyptienne de BioPre, diplômée en biomédecine et âgée seulement de 23 ans, a découvert qu’une grande partie de l’énorme volume de déchets produits par le secteur agricole du pays est tout simplement brûlé. La start-up a alors développé une technologie pour extraire les polymères des matériaux mis au rebut tels que les carapaces de homard, les fécules de pomme de terre et les cosses de maïs et les transformer en emballages alimentaires biodégradables.
OKO, dont le siège est au Mali, est pour sa part l’une des nombreuses start-ups qui s’efforcent de contribuer aux défis climatiques. L’entreprise utilise des données satellitaires et de capteurs pour suivre les conditions météorologiques et indemniser automatiquement les petits agriculteurs pour les cultures détruites par les inondations ou la sécheresse. À ce jour, OKO a payé environ 3 000 agriculteurs au Mali, en Ouganda et en Côte d’Ivoire qui auraient pu auparavant être contraints de vendre leur équipement, d’emprunter de l’argent ou même de retirer leurs enfants de l’école, faute de revenu suffisant.
Ce ne sont là que quelques exemples parmi des centaines, voire des milliers d’autres projets entrepreneuriaux estampillés greentech développés sur le continent. Et selon les prévisions, l’écosystème de la greentech en Afrique devrait doubler en nombre et en fonds levés tous les trois ans. Notons, enfin, que l’initiative baptisée « The Sub Saharan Africa Climate Tech 50 » se concentre sur l’identification de jeunes start-ups innovantes et à croissance rapide dans le domaine des technologies vertes en Afrique subsaharienne. Basées sur les données et les informations de sa plate-forme d’intelligence d’impact, ainsi que sur les évaluations qualitatives de l’unité d’intelligence de HolonIQ et des experts du marché local dans chaque région, les start-ups sont évaluées et notées en fonction d’un certain nombre de critères.