A 24 ans, la jeune Ougandaise porte haut et fort son militantisme sur la scène mondiale, malgré les barrières racistes dont elle est souvent victime. Son dernier fait d’arme est sa brillante participation à la Cop-26, en novembre 2021.
A 24 ans, Vanessa Nakate est la voix ougandaise qui crie pour l’Afrique. Elle alerte sur l’impact des changements climatiques, et interpelle à une prise de décisions radicales pour l’avenir écologique du continent. Tout récemment encore, c’était à Glasgow que la jeune militante portait si haut et fort la voix de l’Afrique, au cours du 26e sommet des Conférences des parties des Nations-Unies sur les changements climatiques (Cop26). Une rencontre qui s’est tenue dans la capitale écossaise du 1er au 13 novembre dernier. L’activiste n’était évidemment pas la seule représentante du continent, mais si elle attire autant l’attention des médias internationaux, dont le très célèbre magazine The Time dont elle a fait la une, c’est qu’en effet, la jeune fille est devenue un emblème de la lutte contre les changements climatiques en Afrique. Dès le début de la Conférence internationale pour le climat, Vanessa Nakate et Greta Thunberg, la jeune activiste suédoise mondialement connue pour son engagement contre le réchauffement climatique ont publié une lettre ouverte aux médias, soulignant trois aspects fondamentaux de la crise climatique : premièrement, le temps presse. Deuxièmement, il faut rendre justice aux populations les plus touchées par le dérèglement climatique, puis agir sur le cas des plus gros pollueurs, qui se cachent souvent derrière des statistiques incomplètes quant à leurs véritables émissions de gaz à effet de serre.
Une révélation mondiale née d’un scandale médiatique
Bien qu’engagée depuis 2018, ce n’est véritablement qu’en janvier 2020 que Vanessa Nakate s’est révélée mondialement. Lors du Forum économique de Davos qui s’est tenu ce mois-là, l’agence Associated Press a ainsi « coupé » Vanessa Nakate d’une photo où elle posait avec Greta Thunberg et d’autres militants occidentaux. Un acte dont s’est offusquée la jeune militante sur son compte Twitter. « Ce n’était pas juste mon image qui était effacée, c’était mon histoire, mon message, l’expérience des gens de mon pays. M’effacer moi, une Ougandaise et la seule personne issue du continent africain sur cette plateforme, c’était comme effacer tous les activistes africains », regrettait-elle tout récemment encore dans une interview accordée à Jeune Afrique. Un tweet devenu viral, et par lequel Vanessa a su s’imposer en tant qu’ activiste mondialement connue. Car s’il a fallu ce scandale pour que le monde écoute enfin ce qu’elle a à dire, son engagement pour la cause ne date pas d’hier.
2018, l’appel de la nature
« En 2018, j’ai commencé à essayer de comprendre pourquoi les communautés autour de moi faisaient face à une multiplication des événements climatiques extrêmes, comme les inondations, les sécheresses, les glissements de terrain… et leurs conséquences, qui se traduisait par la perte de vies, la destruction soudaine des maisons, des fermes ou de moyens de subsistance. J’avais bien entendu parler du changement climatique en classe de géographie, au lycée, mais d’une manière générale. Il n’était pas question des impacts dans un pays comme l’Ouganda. Je ne savais même pas que l’accord de Paris sur le climat de 2015 existait et que des négociations internationales se poursuivaient. Ce que j’ai découvert m’a donné envie de faire quelque chose. C’était au moment où Greta Thunberg lançait le mouvement Fridays for Future et les grèves étudiantes pour le climat ; j’y ai tout de suite vu un outil puissant pour faire prendre conscience de la situation et réclamer une justice climatique », confiait-elle au magazine. La jeune femme s’est donc engagée dans ce qu’elle appelle la « justice environnementale », enchaînant les grèves et les manifestations devant le Parlement. Bien que souvent esseulée, en relayant des photos de ces grèves, elle a pu attirer l’attention sur les réseaux sociaux. Rejointe par d’autres militants, elle a fondé Rise Up Mouvement, une organisation qui fédère des défenseurs environnementaux africains. Avec ce mouvement, la jeune femme, aujourd’hui diplômée en gestion des affaires, a lancé en Ouganda le projet « Vash Green Schools » pour installer dans les écoles rurales des panneaux solaires et des fours écologiques.
Le combat de Vanessa Nakate l’a incitée à franchir les frontières de son pays, au Sommet de la jeunesse pour le climat à New York, à la Cop25 de Madrid ou encore au début du mois d’octobre, lors d’un sommet organisé par l’ONU à Milan, réunissant des jeunes militants pour le climat.
Dans le sillage de la Cop26, la jeune militante a publié son premier ouvrage qui, évidemment, porte sur les changements climatiques en Afrique. Intitulé « une écologie sans frontières », c’est un livre-manifeste qui expose et détaille les symptômes du réchauffement climatique sur le continent, et interpelle les décideurs notamment sur le fait que, si les pays du Sud sont les plus touchés, leurs voix portent peu dans le concert des grands sommets mondiaux autour de l’environnement.
Canicha Djakba