Startups : quelles sont les licornes africaines ?

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Si les startups fleurissent en Afrique, le contexte, caractérisé par un accès difficile aux financements, ne permet pas à la plupart de ces jeunes entreprises de prétendre au statut de licorne. Mais cette tendance change progressivement. En témoigne le récent succès de la startup Wave, qui vient tout juste d’être côtée à un milliard de dollars grâce à une importante levée de fonds.

Selon le rapport  « African Tech Startups Funding Report 2020 », publié par Disrupt Africa, le Kenya, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Égypte sont les principales destinations des investissements sur le continent africain. C’est d’ailleurs au Nigéria et en Egypte qu’on retrouve quelques licornes. Emprunté à la Silicone Valley, le terme licorne désigne une startup valorisée à plus d’un milliard de dollars, soit environ 820 millions d’euros. Le continent en compte cinq désormais.

Wave, la première licorne ouest-africaine

Jusqu’en septembre dernier, Jumia détenait encore le premier rang des licornes africaines, et ce depuis les dix dernières années. Mais la donne vient de changer, grâce aux 200 millions de dollars qu’a récemment levés la startup Wave en série A (financement première étape de démarrage de l’entreprise).  La fintech, active au Sénégal et en Côte d’Ivoire, est depuis peu au centre de l’actualité financière sur le continent, pour avoir réussi à mobiliser 200 millions de dollars, somme jamais atteinte par une startup africaine à ses débuts, et est aujourd’hui valorisée à 1,7 milliards de dollars. Fondée par les américains Drew Durbin et Lincoln Quirk, la fintech a réussi à mobiliser six investisseurs Selon l’Agence Ecofin, « après Jumia qui détenait le record de mobilisation de ressources financières pour le développement, avec un financement de 51 millions de dollars annoncé le 1er janvier 2012, il a fallu encore attendre 7 ans pour avoir une annonce de financement de démarrage de 50 millions de dollars au profit de la fintech nigériane Opay ».
La percée de Wave s’explique notamment par le potentiel des fondateurs à créer et développer des fintech à forte valeur ajoutée. Déjà fondateurs de Sendwave, application spécialisée dans les transferts d’argent entre des pays d’Europe et d’Amérique, vers certains pays africains, l’entreprise a été achetée par World Remit, pour 500 millions de dollars.

Jumia, la première licorne africaine


Fondée en 2012 par Jérémy Hodara et Sacha Poignonnec, tous deux de nationalité française,  la startup Jumia a longtemps revendiqué la place de première licorne africaine, car elle a pu remplir les critères. Le géant du commerce en ligne a, en effet, fait son entrée à la bourse Wall Street de New York en 2019 et avait annoncé avoir levé 200 millions de dollars en 2019.  Par ailleurs, Jumia s’est étendu et opère dans 14 pays africains, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Kenya, l’Égypte, l’Ouganda, le Cameroun, le Sénégal, le Ghana, le Rwanda, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire.
Cependant,  cette position de licorne lui est contestée. Des voix se sont levées pour faire remarquer que cette startup, qui a certes son siège au Nigéria, est enregistrée en Allemagne, fondée par des Français et constituée d’une équipe d’ingénieurs au Portugal. Pourtant, Jumia est dédié à l’Afrique. C’est une plateforme de commerce électronique de premier plan sur le continent, qui aide des milliers de commerçants et vendeurs africains à se connecter pour faire des transactions. En comparaison au géant chinois du commerce, Jumia est surnommé le « Alibaba africain ».


Chipper, la fierté africaine


Deux ans seulement après sa création, Chipper Cash, la start-up fondée par l’Ougandais Ham Serunjogi et le Ghanéen Maijid Moujaled est devenue une licorne du secteur financier en Afrique. L’entreprise a réussi à lever un financement de série C de 100 millions dollars en 2020. L’opération avait été menée par SVB Capital, la branche d’investissement de la banque américaine Silicon Valley Bank. Elle a connu la participation de Bezos Expeditions, une société appartenant au milliardaire américain et patron d’Amazon Jeff Bezos.. La fintech Chipper Cash qui facilite les paiements transfrontaliers en Afrique a très vite atteint le cap du milliard dollars de valorisation. Chipper Cash est présente dans sept pays en Afrique (Ghana, Ouganda, Nigeria, Tanzanie, Rwanda, Afrique du Sud et Kenya) et a récemment annoncé son entrée au Royaume-Uni, pour sa première extension hors du continent. La start-up dit comptabiliser plus de trois millions d’utilisateurs et 80 000 transactions grâce à 200 salariés. Fondée par deux anciens cadres de Facebook et Yahoo, elle prévoit d’embaucher 100 personnes supplémentaires, d’ici la fin 2022. Contrairement à Jumia et Wave qui suscitent des débats quant à leur titre de licorne africaine, car appartenant à des non africains, Chipper est essentiellement africaine.


Fawry, la première licorne d’Afrique du Nord


Spécialisée dans la transformation numérique et le paiement électronique, Fawry est la première startup d’Afrique du Nord à atteindre la valorisation d’un milliard de dollars. Créée il y plus d’une dizaine d’années par Ashraf Sabry, la jeune pousse égyptienne de la Fintech est devenue une des licornes d’Afrique en faisant son entrée à la bourse  du Caire en 2020.

Depuis lors, le cours de l’action de Fawry a augmenté. De même que ses revenus. Soit 34,41 millions USD contre 23,38 millions USD en 2019. L’entreprise effectue plus de 3 millions d’opérations financières par jour. L’ascension de Farwy s’est faite au fil des années, grâce aux milliers d’utilisateurs de son interface. En 2015, la startup a levé 100 millions de dollars avec l’aide de trois investisseurs, à savoir le Fonds pour les entreprises égypto-américain, l’Helios Investment Partner et l’IFC Venture Capital Group. En 2020, la startup a pu mobiliser 22 millions de dollars avant son entrée en bourse.


Interswitch, la licorne du paiement mobile


La startup nigériane de la Fintech  a conclu un accord de partenariat avec la société américaine, Visa,  en 2019 en lui cédant une part (20%) de son capital. La valeur de l’opération est estimée à  200 millions de dollars.  Ce qui valorise la jeune pousse et signe ainsi son entrée dans le petit cercle des licornes africaines. Interswitch est une entreprise spécialisée dans le commerce numérique et le paiement électronique. Ses offres sont constituées de solutions pour faciliter  les transactions en Afrique. La jeune licorne travaille pour être au premier plan en matière de services technologique numérique et de paiement en Afrique.


Flutterwave, la licorne qui attire toujours plus

Cofondée par les Nigérians Olugbenga Agboola et Iyinoluwa Aboyeji, la startup Flutterwave a levé, en mars 2021, 170 millions de dollars lors d’un tour de table de série C. Ceci fait d’elle une des licornes du secteur financier. Ce financement ou apport de capital vient s’ajouter à une longue liste. 35 millions en 2020, 10 millions en 2018/2019, 200 millions en 2017 etc. La croissance de Flutterwave, créée en 2016, est fulgurante au cours de ces dernières  années. C’est l’une des rares startups qui a totalisé plus de 235 millions de dollars de financement en 12 tours, par 33 investisseurs connus. Une performance qui séduit et  qui a, sans doute, contribué à sa mutation en licorne.
Flutterwave propose des solutions technologiques de paiement en Afrique. La startup est présente dans plus d’une dizaine de pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Elle dispose d’une certification PCI-DSS Niveau 1, qui sécurise près de 25 millions de transactions qui passent sur sa plateforme.
Toutes les licornes africaines sont aujourd’hui issues de la Fintech. Or, les domaines tels que l’agritech, l’edutech, l’e-santé ou l’e-commerce regorgent aussi de potentielles licornes. Les investissements sont encore trop timides vers ces secteurs d’activité, même si la situation évolue petit à petit. Mais la course pour devenir une licorne est-elle pertinente au regard de l’environnement des affaires en Afrique ?

Materne Aguessy

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