Avec le boom des activités nouvelles comme l’e-commerce, le marketing digital et les médias numériques, ainsi que l’activisme des investisseurs internationaux, le marché africain de la photo est en forte croissance. Ce qui explique l’augmentation significative, ces dernières années, du nombre des banques d’images qui flèchent le continent. D’après les spécialistes, le déficit de qualité et surtout de quantité des contenus illustrant la scène africaine est en train d’être résorbé.
Le groupe Jeune Afrique a lancé en mai 2014 une banque d’images dédiée au continent africain et destinée à la presse, à l’édition, aux agences et aux entreprises. Baptisée « Jeune Afrique Pictures », la banque inclue plus de 30 000 photos couvrant les thématiques politiques, économiques, historiques et culturelles. La plateforme s’appuie notamment sur le fonds iconographique constitué pendant près de 60 ans par le groupe panafricain et étoffé en continu par des reportages réguliers en Afrique. Le site propose un accès par thématique (actualités, archives, célébrité, culture, économie, politique…) et permet à l’utilisateur de réaliser une recherche par mots clés.
Plusieurs autres initiatives ont vu le jour à l’image d’AfroPX, lancé il y a cinq ans et qui se présente comme un projet ambitieux de valorisation des créateurs d’images africains. La banque d’images a été cofondée par le Gabonais Jean-Rovys Dabany, diplômé du Centre de Formation des Journalistes de Paris (CFJ) et qui a passé la majeure partie de sa carrière en tant que journaliste vidéo. Il a également travaillé pour des médias internationaux comme Reuters, AFP, Al Jazeera et France24.
De son côté, Veectizy propose plus de 20 700 « photos et images libres de droit de haute qualité correspondant à l’Afrique ». Cette plateforme n’est pas spécialisée sur l’Afrique mais soutient qu’elle dispose d’une bibliothèque d’images qui constitue un outil de travail de choix pour les graphistes et les médias qui s’intéressent au continent. Jolixi, pour sa part, a choisi comme slogan « La banque d’images africaines » et met à disposition « les meilleures images, photos, images vectorielles et illustrations de stock libres de droits pour pratiquement toutes les applications ».
Il y a également les agences à vocation régionale comme Profoto, une entreprise de photographie professionnelle basée en Côte d’Ivoire et en activité depuis plus de 30 ans. Le propriétaire notamment de la plateforme Afrique Photo reconnait que les lignes ont bien bougé ces derniers temps. L’agence qui propose des « images de stock professionnelles, abordables et accessibles à tous sur différents thèmes qui touchent l’Afrique en général et la Côté d’Ivoire en particulier », dispose de plus de 10 000 photos.
Un patrimoine à préserver et à valoriser
Ces nouveaux venus viennent concurrencer les “anciens” comme Sipa, AP, Reuters et, surtout, l’Agence France Presse (AFP), active en Afrique depuis les années 1940. Cette dernière dispose d’un réseau de plus de 200 journalistes texte, photo et vidéo, de près de 50 nationalités différentes. L’agence qui a développé un partenariat avec Image Source, structure indépendante spécialisée dans la photo d’illustration qui est l’un des leaders mondiaux de photographies et d’images contemporaines libres de droits. Neuf millions de photos sont concernées par cette collaboration axée sur des thèmes tels que vie quotidienne et art de vivre, mode et beauté, tourisme et voyage, santé et alimentation, science et médecine mais aussi affaires et sports. Mais il y a aussi les autres mastodontes du web, disposant d’un stock de plusieurs millions de photos comme Adobe Stock, qui gère le fonds Fotolia, ou encore iStock et Alamy. D’autres ont choisi de se spécialiser, à l’instar l’Arcangel qui se positionne comme une agence d’illustration haut de gamme.
Il est aussi intéressant de souligner la remarque de l’historienne Marian Nur Goni, selon laquelle les œuvres des photographes africains suscitent un intérêt croissant de la part des institutions basées au Nord et que nombre d’initiatives pour les promouvoir voient le jour en Afrique. Des acteurs divers et toujours plus nombreux se mobilisent pour la sauvegarde de ce qu’ils considèrent comme un patrimoine en danger, capable d’enrichir l’écriture de l’histoire des pays dont ils sont issus, ainsi que celle de l’histoire de la photographie mondiale.
Notons, enfin, les projets de préservation et de valorisation des images d’Afrique appuyés par l’Unesco à travers, entre autres, le Fonds international pour la diversité culturelle (FIDC). Ce dernier, qui favorise l’émergence d’un secteur culturel dynamique, essentiellement à travers des activités facilitant la mise en place ou l’élaboration de politiques et de stratégies qui soutiennent les industries culturelles viables. Le FIDC contribue à rassembler et valoriser les richesses photographiques du continent en promouvant la coopération Sud-Sud et Nord-Sud-Sud. Depuis 2010, il a débloqué plus de 9.4 millions dollars pour le financement de nombre de projets couvrant un large éventail de domaines, dont la photographie.