Nouvellement désignée à la tête de la structure Afric’innov, Ndeye Fatou Sene a accordé un entretien à Makers, à l’occasion de sa prise de fonction. Quel est son parcours professionnel ? Comment entrevoit-elle de gérer la structure et quels sont les défis qui l’attendent ? La nouvelle directrice répond aux questions de la rédaction.
Makers : vous venez d’être portée au poste de directrice exécutive de l’association Afric’innov. En quelques mots, dites-nous quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivé à ce poste ?
Ndeye Fatou Sene : Passionnée par l’entrepreneuriat et la microfinance, j’ai fait mes premiers pas dans l’accompagnement d’entrepreneurs dans le cadre de mes activités associatives, tout d’abord, à l’EM Lyon Business school, puis en rejoignant les associations Collectif Zorros de Zongo et Initiative for Africa. Je me suis par la suite investie dans l’écosystème de l’entrepreneuriat en Afrique par la co-création de deux cabinets de conseil et d’accompagnement, Tàmbali et Dira Partners. Ces différentes expériences, associatives et entrepreneuriales, m’ont permis de bâtir une bonne connaissance de l’écosystème africain, mais surtout d’apprendre des entrepreneurs et de prendre conscience des difficultés que ces derniers rencontrent. En parallèle, mes expériences professionnelles en audit financier pendant 5 ans au cabinet Mazars en France et au Sénégal, puis en tant qu’analyste financière au bureau régional de l’ONG internationale Save The Children International, m’ont permis d’acquérir un solide socle de compétences en finance, management et gestion de projets, ainsi que des qualités en management d’équipe et leadership.
Comment considérez-vous votre nouvelle fonction à Afric’innov ?
C’est une belle opportunité de contribuer davantage, et autrement, au développement de l’écosystème de l’entrepreneuriat en Afrique ! On compte un nombre croissant de structures qui s’attèlent à la formation, l’accompagnement et au financement des entrepreneurs, mais peu de structures se focalisent sur les besoins et enjeux des structures d’accompagnement. La mission d’Afric’innov est de mettre à disposition des structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant (SAEI) africaines, tous les outils et ressources nécessaires pour soutenir efficacement les entrepreneurs sur le continent. Ainsi, pour une SAEI que nous aidons à atteindre ses objectifs, soit par la formation, la labellisation ou l’intégration à une communauté dynamique, ce sont des dizaines, voire des centaines d’entrepreneurs que nous aidons à atteindre leurs objectifs.
Au moment où vous prenez la direction exécutive d’Afric’innov, quelle est la situation de cette association ?
L’association Afric’innov, dont la création officielle date de 2020, est en plein développement de ses programmes, ses services mais également dans une phase de croissance de ses équipes, avec la moitié des effectifs nous ayant rejoint en 2021. Fort du succès de la phase pilote du Programme Afrique Innovation (PAI 1), le programme a obtenu un renouvellement du soutien de l’AFD pour une deuxième programmation (PAI 2), dans le cadre du fonds d’amorçage Digital Africa, annoncé lors de l’événement « Emerging Valley » à Aix-en-Provence, en décembre 2019. A ce jour, nous comptons 109 SAEI membres de la communauté Afric’innov, dont 5 structures labellisées. Ces SAEI sont réparties sur 26 pays, aussi bien en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique du Nord, centrale ou encore du Sud. Notre offre de formation, notamment nos parcours spécialisés et les formations disponibles sur la plateforme Ubora, ont permis de former près de 100 spécialistes de l’accompagnement.
Par ailleurs, depuis ce début d’année, Enabel et Afric’Innov collaborent pour améliorer la gestion des structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant. En effet, pour garantir la performance des entrepreneurs dans le numérique au Bénin, Enabel a pris le pari de renforcer les capacités et performances des structures qui les accompagnent (SAEI) dans le cadre de la mise en œuvre du projet DigiBoost, financé par l’Union Européenne.
Quels sont les challenges qui vous attendent et comment comptez-vous les relever ?
Les premières années d’activité ont permis de rassembler une communauté forte de SAEI en Afrique et de construire des outils et services leur permettant de répondre de manière efficace aux exigences des entrepreneurs qu’ils accompagnent. Les défis pour les prochains mois sont d’apporter davantage de services de qualité et de valeur ajoutée à ces structures. Nous souhaitons élargir notre offre de formation, renforcer nos outils digitaux et amener plus de SAEI vers la labellisation. Les leviers sur lesquels je, et surtout l’association Afric’innov, s’appuient pour relever ces défis sont l’innovation constante dans nos méthodes et nos services, mais surtout une équipe opérationnelle expérimentée et engagée, ainsi que des échanges constants avec les SAEI et les membres de l’écosystème (entrepreneurs, institutions…).
En parlant justement de challenge, comment prévoyez-vous d’accompagner les startups en cette période où les financements sont plus que jamais difficiles à obtenir et l’activité économique assez morose ?
Bien que l’activité économique soit morose, les acteurs de l’écosystème développent, et offrent des solutions pour permettre aux entrepreneurs de traverser cette période difficile le plus sereinement possible. Nous travaillons activement avec les SAEI pour leur permettre d’accompagner leurs entrepreneurs dans la gestion au quotidien de cette période, mais surtout pour pouvoir bénéficier des opportunités offertes par les bailleurs et autres organismes. Plus généralement, nous développons de plus en plus de partenariats stratégiques, institutionnels mais également privés, afin de pouvoir créer plus d’opportunités pour les entrepreneurs et les SAEI qui les accompagnent.
Pour conclure, quels sont vos projets pour Afric’innov, pour quelles échéances et par quels moyens ?
Mes projets pour Afric’innov sont de favoriser l’émergence de solutions innovantes pour les SAEI et les entrepreneurs en général et de positionner Afric’innov comme un acteur clé des activités de plaidoyer initiée dans la région pour une meilleure prise en compte des besoins des SAEI par les institutions publiques. Pour 2021, notre stratégie inclut le développement de nouveaux parcours de formation, le lancement de nouveaux services et outils, mais nous envisageons également de renforcer nos partenariats techniques, institutionnels et financiers.
Propos recueillis par la rédaction