Energie : le charbon perd du terrain en Afrique

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En dehors de l’Afrique du Sud, il y a presque 50 centrales à charbon en développement dans cette partie du monde. Dix-sept sont au Zimbabwe, ce qui en fait le pays d’Afrique avec le plus grand nombre et le 5ème du classement du monde entier.

Moins de 10 gigawatts (GW) de projets de génération électrique au charbon existent en phase d’étude en Afrique subsaharienne mais ils font face à des forces contraires financières et autres, ce qui signale un point possible d’inflexion en faveur des énergies renouvelables, selon le 9ème rapport annuel de Global Energy Monitor sur les centrales de génération électrique à charbon en devenir.

Le rapport montre que l’Afrique du Sud abrite environ un cinquième des projets de la région en phase de pré-construction (1.6 GW) et la moitié des projets en construction (1.6 GW). En dehors de l’Afrique du Sud, il y a presque 50 centrales à charbon en développement dans cette partie du monde. Dix-sept sont au Zimbabwe, ce qui en fait le pays d’Afrique avec le plus grand nombre et le 5ème du classement du monde entier. Cependant les capacités totales en opération au Zimbabwe sont restées pratiquement stables sur les 30 dernières années.

Avec l’annonce par la Chine de se retirer de tous les financements en dehors de son territoire, le flot interrompu des projets au charbon pourrait être réorienté vers des projets d’énergie renouvelable comme en Afrique du Sud, qui a engrangé 8.5 milliards de US$ de financements internationaux pour le climat pour soutenir à la fois la décarbonisation du secteur énergétique et la diversification de l’économie. Si ce modèle était reproduit ailleurs, les installations vieillissantes au charbon auraient de fortes chances d’être mises au rebut ou transformées pour participer à une transition énergétique équitable et durable en Afrique subsaharienne.

Globalement, le nombre de centrales en opération ou en projet a baissé à la fois dans les pays développés et dans les pays en voie de développement en dehors de la Chine en 2022, alors que les centrales existantes sont peu à peu arrêtées et les projets de nouvelles centrales annulés. Mais le rythme des mises au rebut doit être quatre fois et demi plus rapide – et la construction de nouvelles centrales doit entièrement être stoppée – pour que le monde soit en phase pour éliminer le charbon d’ici à 2040, comme cela est nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

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Pour rester en phase avec les objectifs de l’Accord, toutes les centrales au charbon doivent être au rebut d’ici à 2030 dans les pays les plus riches et d’ici à 2040 dans le reste du monde, et il n’y a aucune place pour de nouvelles centrales arrivant en opération. Alors que le total des nouvelles capacités au charbon en projet a fortement diminué, le monde ne supprime pas les centrales existantes suffisamment rapidement.

Vers une transition à marche forcée…

Éliminer les centrales à charbon en opération d’ici à 2040 nécessiterait en moyenne l’arrêt de 117 GW par an, soit l’équivalent de quatre fois et demi la capacité totale mise au rebut l’an dernier. En moyenne 60 GW de ces arrêts doivent venir des pays de l’OCDE chaque année pour atteindre l’objectif d’éliminer le charbon d’ici à 2030, et pour les pays en dehors de l’OCDE, 91 GW chaque année pour tenir l’objectif de 2040. Si l’on prend en compte les centrales en cours de construction ou en projet (537 GW), les coupes devraient être encore bien plus élevées.

Dans de nombreux pays en voie de développement, en particulier ceux qui sont très dépendants du charbon, une sortie du charbon d’ici à 2040 est équivalente à une transition énergétique à marche forcée dans des temps records et pose de nombreuses questions d’équité. Le rapport insiste sur le fait que la communauté internationale doit supporter ces pays dans leur élimination du charbon en fournissant des financements publics et privés pour l’énergie propre, en favorisant le développement de réseaux électriques flexibles et fiables, et avec une assistance en moyens techniques et en expertise pour favoriser des cadres de législation et de politiques qui accélèrent la transition du charbon vers les énergies propres.

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« Plus il y a de nouvelles centrales à charbon, plus le défi à relever est difficile », a dit Flora Champenois, chercheuse chez Global Energy Monitor. « À ce rythme, la transition pour éliminer le charbon ne se produit pas assez vite pour éviter un chaos climatique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et les Nations Unies ont tous les deux renouvelé l’ordre de marche pour éliminer le charbon de façon à sauvegarder ce qui est peut être notre dernière chance pour éviter le pire des dommages dus aux dégâts du réchauffement de notre planète. »

Charity Migwi, chargée de campagne régionale à 350Africa.org, a expliqué pour sa part que la dépendance au charbon dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Nigéria a un impact dévastateur sur l’Afrique. Par exemple, le charbon mène à des problèmes de santé causés par la pollution de l’air, à la destruction des habitats naturels et au déplacement de communautés. Non seulement le charbon n’est pas durable, il contribue également à aggraver les impacts climatiques. L’abondance des ressources énergétiques renouvelables de l’Afrique, y compris l’énergie solaire et éolienne, offre une opportunité unique pour le continent de s’éloigner des combustibles fossiles polluants tels que le charbon et de passer à l’énergie renouvelable d’une manière centrée sur la communauté.

Cette transition peut créer des emplois verts, promouvoir la croissance économique, améliorer le bien-être de chacun et atténuer les impacts du changement climatique. Alors que les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent en fréquence et en intensité, il est urgent non seulement d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, mais aussi d’investir massivement dans une énergie durable et résiliente. »

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