Le carburant d’aviation durable (SAF en anglais) permet de réduire jusqu’à 80% des CO2 du transport aérien. A l’échelle mondial, il est encore produit en quantité insuffisante. Quant à l’Afrique, sa production est encore infime alors que les analystes estiment que ce nouveau secteur constitue une opportunité majeure pour le continent.
L’année dernière, le volume total de SAF produit se chiffrait à environ 600 millions de litres (soit 0,5 millions de tonnes métriques). Cela représente à peine 0,17% du besoin en carburant de l’aviation. En Afrique, le développement ou la production des variables du SAF sont encore à l’étape de projet, ceci grâce à quelques entreprises basées notamment en Afrique du Sud et en Afrique du Nord (Maroc et Égypte).
Du côté des compagnies, Royal Air Maroc et Kenya Airways ont déjà effectué un premier vol réussi avec du SAF, alors qu’Ethiopian Airlines a intégré dans le plan d’agrandissement de sa flotte, l’acquisition d’appareils adaptés au carburant durable.
Mais les analystes estiment surtout que l’offre encore à développer se présente comme une belle opportunité d’investissement au profit du continent qui a le potentiel de produire des carburants d’aviation durables à grande échelle.
Selon un rapport publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF), « l’Afrique du Sud dispose à elle seule du potentiel technique immédiat pour produire 3,2 milliards de litres de SAF par an, en suivant les exigences de durabilité les plus strictes.
450 milliards de litres par an
Ce chiffre pourrait même être porté à environ 4,5 milliards de litres si l’hydrogène vert est intégré au processus de production, en remplaçant le carburéacteur conventionnel dans le pays jusqu’à un seuil de mélange maximal de 1,2 milliard de litres par an.
Le potentiel de l’Afrique du Sud, mais aussi d’autres pays du continent, repose entre autres sur des millions de litres d’huile de cuisson usagée exportés vers l’Europe et transformées en biocarburants, mais aussi sur des volumes conséquents de production de canne à sucre qui peuvent servir à produire de l’éthanol.
A noter, par ailleurs, qu’une étude conjointe menée par Rolls-Royce, Airbus et Shell estime à 290 millions de tonnes métriques le besoin annuel mondial en carburant de l’industrie aérienne, un besoin qui devrait augmenter au fil de l’évolution du secteur.
Pour le SAF, les prévisions indiquent qu’il faudra 450 milliards de litres de carburant durable chaque année pour atteindre l’objectif de 2050. Le rapport recommande aux compagnies d’engager la mise en œuvre de cette résolution avec comme objectif initial un seuil d’intégration d’au moins 10 % de SAF d’ici 2030.
Pour sa part, le rapport « Financing The Airports Of Tomorrow » oriente ses approches de solution vers les Etats et propose d’instaurer des redevances aéroportuaires conformément aux directives de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) afin de financer la production du SAF.
Il appelle de même à mettre en place des mesures contraignantes pour les compagnies et incitatives pour des investisseurs. Une autre approche suggère un plan d’investissement commun des compagnies aériennes dans le but d’avoir un effet de synergie quant à la mobilisation des capitaux importants à injecter dans la production à grande échelle.