Le projet porté par l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) et piloté par la spécialiste en politique de développement durable, Lionelle Ngo-Samnick, veut des résultats « intégrés » en matière de résilience et d’adaptation climatique en boostant les activités comme l’agriculture responsable et la foresterie.
Les changements climatiques aux effets multiformes s’accompagnent d’une chaîne d’impacts souvent différenciés selon la fragilité des régions, notamment les phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, ouragans ou inondations), la dégradation accélérée des terres et des écosystèmes, la perte de la biodiversité et la raréfaction des ressources hydriques. Ceux-ci ont à leur tour des répercussions sur les sociétés, en particulier leurs couches les plus vulnérables que sont les femmes et les jeunes.
Or, selon l’IFDD, les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et d’autres utilisations des terres offrent un important potentiel d’atténuation à un coût relativement faible. Ils peuvent ainsi fournir de 20 à 30 % de la réduction des émissions des gaz à effet de serre en 2050 décrite dans les scénarios qui limitent probablement le réchauffement à 2 °C ou moins. Toutefois, ces secteurs sont enracinés dans des facteurs structurels lourds : incertitudes climatiques et environnementales, pauvreté, érosion des moyens d’existence des ménages, faible disponibilité et accès aux services sociaux de base, faiblesse des systèmes de protection sociale…
Les interactions entre plusieurs enjeux majeurs tels que l’énergie, l’eau, la biodiversité ou la gestion des déchets permettent de ressortir des solutions innovantes en faveur d’une agriculture résiliente aux changements climatiques pour une utilisation et une gestion durable des ressources naturelles. Une action plus dynamique et pertinente nécessite cependant de mettre en exergue les interconnexions entre les réponses aux changements climatiques, le développement durable et la transformation sociétale en veillant aux processus décisionnels et à l’intégration du financement et des actions entre les niveaux de gouvernance et des secteurs.
Plus intégrateur et transformateur
Compte tenu des co-bénéfices qui en découlent, cette synergie vertueuse est bien comprise depuis des décennies, mais le déploiement de solutions intégrées demeure lent. L’IFDD s’efforce d’y remédier et soutient la capitalisation et la vulgarisation de bonnes pratiques sur l’intégration « climat, eau, énergie, biodiversité et agriculture » en Francophonie, de même que l’amélioration de la recherche et de l’innovation agricoles respectueuses de l’environnement dans des pays comme le Cameroun ou encore la République démocratique du Congo.
C’est ainsi que l’institut souhaite démultiplier ces acquis avec le projet Nexus, un outil plus intégrateur et transformateur pour, surtout, contribuer efficacement aux efforts de sécurité alimentaire dans le contexte actuel de crises multiformes (post-pandémiques, alimentaires, énergétiques, climatiques). Au cœur de ces enjeux croisés de la protection de l’environnement, de l’insertion professionnelle et de l’autonomisation économique, les populations cibles du projet sont appelées à impulser et imaginer cette trajectoire humaine plus vertueuse.
Le projet, a-t-on indiqué, apporte un appui aux démarches régionales et innovantes d’adaptation et de résilience aux changements climatiques par la mise en place et la vulgarisation d’approches endogènes, intégrées et vertueuses axées sur les synergies positives entre l’agriculture, le climat, l’eau, l’énergie et la biodiversité. Il est conçu et mis en œuvre par l’IFDD, organe subsidiaire de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), avec l’implication des représentations régionales et le soutien financier et technique de plusieurs partenaires au développement.
Booster les innovations dans plus de 20 pays
Nexus a ainsi pour but de favoriser l’adaptation et la résilience climatique des populations vulnérables, en particulier les jeunes et les femmes en Afrique. Son objectif est de promouvoir les innovations et bonnes pratiques de gestion et de valorisation durable des ressources naturelles (eau, énergie, biodiversité) pour soutenir la sécurité alimentaire de plus 20 pays. À cet effet, le projet met en œuvre, jusqu’en 2027, des activités qualifiées de « porteuses à la fois pour l’adaptation aux changements climatiques, le développement durable et la réduction de la pauvreté ».
Le projet Nexus a également pour mission de contribuer au renforcement des capacités d’innovation des acteurs francophones pour une approche vertueuse axée sur les synergies positives entre l’agriculture, l’eau, l’énergie, le climat et la biodiversité. Il met aussi en exergue le potentiel d’innovations frugales pour soutenir la mise en place et la vulgarisation de plus de 100 solutions climatiques pertinentes.
De façon spécifique, il s’agit de muscler les connaissances des acteurs, notamment les jeunes et les femmes, pour améliorer les pratiques agricoles, accroître l’adaptation et la résilience climatique des systèmes alimentaires et assurer un développement agricole intégré et durable (formation écologique). Priorité est aussi donnée à l’implémentation de solutions adaptées aux conditions régionales et accessibles aux populations vulnérables, et au développement et à l’amélioration des opportunités climato-économiques pour favoriser l’autonomisation et la résilience des femmes et des jeunes qui sont incités à se lancer dans l’entrepreneuriat vert.