Produit par l’Institut Amadeus, l’indicateur africain de l’attractivité économique est un indicateur agrégé qui permet de comparer l’opportunité d’investissement entre les différents pays africains. L’objectif est d’informer et d’inciter les investisseurs à envisager favorablement un projet d’acquisition ou de développement dans les pays, destinations d’investissement, du continent.
Dans la première partie de ce classement des destinations d’investissement se trouvent le Botswana, l’Île Maurice et le Cap vert. Voici la suite du classement.
L’indicateur prend en compte la recherche par un investisseur, non seulement d’un marché cible favorable pour son investissement, mais également des capacités de réexportation à partir du pays cible. Ainsi, il donne des éclairages à l’entrepreneur voulant investir le marché local ou régional, mais aussi l’opérateur qui veut conquérir le marché international à partir de l’Afrique. Cet indicateur composite permet d’appréhender le contexte pays à travers trois niveaux, celui du potentiel du marché intérieur et de la dynamique économique récente du pays, celui de l’existence d’une réglementation et d’un contexte favorable à l’entreprise et, enfin, celui de la disponibilité de facteurs de production capables d’accompagner la croissance de son implantation notamment du point de vue de la qualité des ressources humaines ou de la santé du système financier.
Il prend donc en compte le contexte économique le plus récent et les facteurs structurels qui déterminent la compétitivité du pays. Ainsi, le Botswana arrive en tête des destinations d’investissement du dernier classement établi pour l’année 2022. L’île Maurice et le Cap Vert occupent les deux autres places du podium. Viennent ensuite les Seychelles, le Maroc, la Namibie et l’Afrique du Sud.
Les Seychelles, une économie qui s’adapte
Située au nord-est de Madagascar, la République des Seychelles (score final : 69,3/100) est un archipel de 115 îles abritant près de 98 000 habitants, dont les trois quarts vivent sur l’île principale de Mahé. Son Produit Intérieur Brut par habitant, à 13 306 dollars, est le plus élevé d’Afrique. Mais l’économie seychelloise est, jusqu’ici, tributaire du tourisme et de la pêche.
Pour séduire les investisseurs en tant que pays “Destinations d’investissement”, les Seychelles mettent en avant leurs bonnes performances économiques enregistrées depuis la crise de 2008, leur bonne gouvernance et la stratégie de développement des compétences mise en œuvre par les autorités. S’y ajoute l’adaptation au changement climatique, à travers notamment le renforcement des systèmes de préparation aux catastrophes et une meilleure gestion des zones côtières.
Le pays a finalisé un plan stratégique de lutte contre le changement climatique avec des objectifs de programmes d’adaptation dans les transports, l’énergie et les infrastructures. Il a été le premier pays à introduire le refinancement de la dette pour la conservation des océans, de sorte qu’un tiers de son territoire océanique est protégé contre le changement climatique et l’exploitation économique non réglementée.
Après une nette reprise de la croissance en 2021 (+6,9%) et en 2022 (+7%), après une forte récession de 12,9% en 2020 du fait de la chute des recettes touristiques de 63%, l’archipel table sur une accélération de la croissance (+7,7% en 2023) sous l’effet de la relance de l’activité économique.
Le Maroc, champion de la résilience
Le Maroc (score final : 65,5 / 100), malgré un déficit commercial élevé, parvient à équilibrer ses finances grâce notamment aux recettes issues du tourisme et les transferts de fonds de la diaspora qui constituent, avec les recettes des exportations (automobile, phosphate et textile), les principales rentrées de devise du Royaume. Le Maroc a montré une forte capacité de résilience ces dernières années.
On remarque, en outre, que les fondamentaux de l’économie marocaine sont en train de changer. L’économie n’est plus dominée par les caprices de la nature, mais par le talent des hommes et le rendement des capitaux. C’est une économie désormais marquée par le développement des télécommunications et de la sphère financière (banques, assurances, marchés financiers, capital investissement), par la modernisation du commerce et la diversification des industries. Des atouts qui ont permis d’accroitre significativement le stock d’ investissements directs étrangers.
Les entreprises qui parient sur le Maroc utilisent des technologies qui sont prises dans des chaînes de valeur ajoutée mondiales : elles reçoivent des composants, les assemblent, les perfectionnent et les renvoient dans d’autres unités où ils seront finalisés. Ce processus montre que le Maroc est clairement entré dans la seconde phase de la mondialisation. Le PIB marocain a progressé de 7,2 % en 2021 grâce à la capacité de résilience de son économie avant de ralentir (1,25% en 2022). Mais le pays table sur une reprise notable (entre 3,5 et 4%) dès 2023.
Namibie, une petite économie dynamique
La Namibie (score final : 65,2/100) est une petite économie qui se classe dans le top 10 des pays d’Afrique subsaharienne les plus riches (PIB par tête de 4 800 USD). Sur le plan social, le pays est dans une situation relativement plus favorable que ses voisins. Le taux de pauvreté y est plus faible (21% en 2021 contre 24% en 2010 – au seuil de 1,9 USD par jour).
Malgré la petite taille de son marché, l’économie namibienne dispose d’atouts non-négligeables : un système politique stable, des institutions solides, un secteur financier sophistiqué (majoritairement contrôlé par des capitaux sud-africains) et un fort potentiel dans les services – logistique et numérique, notamment. Cependant, elle est peu diversifiée, reposant en grande partie sur les industries extractives (uranium et diamant principalement – environ 10% du PIB et plus de 60% des recettes d’exportation) et sur le tourisme (environ 10% du PIB).
Le secteur public représente aussi un poids relativement élevé (15% du PIB), largement financé par la rente. Enfin, l’économie namibienne est dépendante de l’Afrique du Sud (distribution, immobilier, recettes douanières, commerce extérieur…). Le grand voisin est son deuxième débouché derrière la Chine, avec 17% des exportations en moyenne sur les cinq dernières années. La Namibie prévoit une reprise conséquente de son économie pour les deux prochaines années (3,3% en 2022 et +4% en 2023) grâce au redressement de son secteur minier et la reprise du tourisme.
Afrique du Sud, une économie moderne
L’Afrique du Sud (score final 64,5/100), la première économie d’Afrique australe (plus de deux-tiers du PIB de la sous-région) et la seconde en Afrique sub-saharienne derrière le Nigéria, est le seul pays africain membre des BRICS (groupe des grands pays émergents rassemblant la Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde) et du G20.
Le pays est doté d’une économie moderne, relativement diversifiée et qui dispose de nombreux atouts, à savoir des ressources naturelles abondantes, une agriculture commerciale performante, une industrie manufacturière puissante, compétitive et intégrée dans les chaînes de valeur mondiales, un secteur des services avancé (dont un secteur financier solide et sophistiqué – 23% du PIB) et des infrastructures de qualité.
Le grand défi actuel de l’Afrique du Sud est de réduire le différentiel de croissance vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne et des autres économies émergentes. Sur le plan des réformes, on a observé des avancées notables récemment : privatisation de firmes publiques, relèvement du seuil d’autoproduction d’électricité, progrès dans la restructuration du secteur énergétique, libéralisation partielle à venir du secteur de la logistique et du transport de fret, intensification de la lutte contre la corruption, etc. Le taux de croissance du PIB sud-africain devrait tourner autour de 2% en 2023 contre 1,6% en 2022.