Olivier Madiba, le CEO de Kiro’o games s’exprime sur la nouvelle technologie de monétisation des jeux vidéo et services en ligne en Afrique. La startup camerounaise s’apprête à mettre en œuvre sa prouesse dès ce mois de mai en Afrique de l’Ouest.
Dans une lettre récemment adressée à vos partenaires, vous annoncez une innovation majeure dans la monétisation du jeu vidéo en Afrique. De quoi s’agit-il de manière concrète ?
La technologie du Mobile Money en Afrique est encore chaotique et pas assez structurée. Chaque compagnie de télécommunication ou chaque agrégateur compte ses propres règles. Très souvent ces règles, même propres à un opérateur, changent selon les pays.
C’est la raison pour laquelle jusqu’ici, aucun grand acteur de jeu vidéo opérant en Afrique n’avait réussi à l’intégrer dans sa monétisation (Gameloft, Google, etc.) et l’industrie avait fini par accepter que ce serait impossible tant qu’il n’y aurait pas un agrégateur universel sur le continent dans 10 ans.
Nous avons donc créé un prototype interne pour le moment. Chaque joueur en Afrique verra les moyens de paiements disponibles dans son pays et vivra un parcours de paiement adapté.
Vous projetez de mettre en application votre trouvaille dès le mois de mai. Quelles sont les précautions que vous avez prises pour mettre en œuvre cette technologie ?
Pour le moment, nous procédons encore à des tests en interne. C’est à la suite de ceux-ci (dès qu’ils sont concluants) que nous allons envoyer au grand public.
Aussi, c’est sans doute vrai que des concurrents vont vouloir nous copier, mais ce qu’on a mis sur pied est une avancée technologique difficile à copier : notre technologie joue en effet sur plusieurs niveaux d’infrastructures que nous avons été les seuls à poser en Afrique pendant ces trois dernières années. Ils devront se taper le même chemin pour y arriver.
L’on s’attendait naturellement à ce que ce soit le Cameroun, pays siège des jeux Kiro’o qui soit le premier à expérimenter cette monétisation. Pourquoi avoir fait le choix du Sénégal et du Burkina Faso en premier ?
Nos clients au Cameroun n’ont pas vraiment de problèmes de paiement mobile quand ils jouent à nos jeux. et ce parce que nous avons déjà réussi à monétiser au Cameroun. Pour preuve, nous enregistrons à ce jour un taux de conversion de 8%. C’est-à-dire que 8% de nos joueurs mobiles payent par Mobile Money pour accéder à nos jeux.
Nous avons opté pour l’Afrique de l’Ouest francophone (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Burkina-Faso…), parce que nous avons une grosse communauté qui essaie de payer mais qui n’y arrive pas.
Vôtre technologie pour monétiser le jeu en ligne en Afrique, pensez–vous qu’elle ne contribuera pas au contraire à réduire l’engouement de vos gamers, étant donné que vous exercez dans un environnement hautement concurrentiel, où les jeux en ligne ne sont pas toujours payants ?
La plupart des jeux en ligne sont payants, que ce soit de façon directe ou non. Pour le cas spécifique des jeux en ligne, le modèle de revenu repose sur du freemium, le jeu est gratuit pour permettre à n’importe qui de l’essayer et payant ensuite pour ensuite pour ceux qui souhaitent les jouer au delà de la période d’essaie.
Avec nos jeux, les joueurs ne sont pas obligés de payer pour progresser. L’engouement se joue sur le fait de rajouter des fonctionnalités qu’ils réclament, et c’est celles-là que nous facturons.
Pour finir, votre technologie est–elle essentiellement faite pour l’univers du jeu en ligne ? Peut-elle servir pour monétiser d’autres services en ligne ?
Nous avons opté pour un écosystème Cross média (jeux vidéo, rebuntu…) et tout a été pensé pour que cette technologie couvre la monétisation de chaque élément du business model. Ce qui fait que dans les mois à venir, notre technologie pourra être appliquée à d’autres secteurs d’activités.
Propos recueillis par Canicha Djakba