Entre formalités administratives, opportunités d’affaires, fiscalité et mesures incitatives, Makers vous donne les clés pour lancer une jeune entreprise à fort potentiel de croissance en Afrique centrale.
Un potentiel économique riche
L’Afrique centrale comprend une dizaine de pays regroupés au sein de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC). Ce sont notamment les six pays de la Cemac ( qui ont en commun le francs CFA comme monnaie 1 XAF = 550$) plus l’Angola (, le Burundi et Sao Tomé et Principe. Avec une superficie d’environ 6 613 000 km, cette zone compte une population d’environ 164 000 habitants. Les principales sources de revenu de ces pays proviennent de l’exportation de pétrole, du bois (bassin du Congo, deuxième plus grande réserve forestière du monde), du cacao et du café, des minerais (or, bauxite, cobalt, uranium…). La population est à plus de 60% jeune. La croissance de cette zone est l’une des plus fortes du continent. Elle se situe autour de 3%, et devrait augmenter après les mesures de redressement économique prises par les différents États suite à la survenue de la pandémie. Le potentiel économique de cette sous-région tient à plusieurs atouts : sa diversité culturelle, son fort taux de pénétration des TIC et son accessibilité à internet notamment dans les pays comme le Cameroun, le Rwanda, le Gabon; la jeunesse de sa population; sa grande diversité climatique, atout majeur pour l’agriculture, sa situation géostratégique de zone tampon entre l’Afrique de l’Est, celle de l’Ouest et l’Afrique du Sud; sa grande ouverture au commerce mondial par la façade atlantique, la connexion à la fibre optique en raccordement direct au backbone (dorsale internet) et un réseau routier en développement.
Le secteur de l’innovation est en pleine émulation avec des jeunes start-up qui se spécialisent généralement dans la communication, la santé, l’agro-business, le management, ou encore la mode. Le principal problème de ce secteur demeure l’insuffisance des financements. En matière d’innovation, le Cameroun est le fleuron dans la sous-région, en raison notamment de son fort taux de pénétration d’internet.
Des procédures de création d’entreprises accessibles
Le droit des affaires en vigueur en Afrique centrale est le droit de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (Ohada). Il reconnaît deux grandes catégories d’entreprises : les entreprises individuelles (personnes physiques) et les sociétés (personnes morales). A côté de ces deux catégories, nous pouvons ajouter les Groupements d’Intérêts Économiques. Les startups faisant partie de la catégorie des entreprises individuelles, il est possible de créer sa startup entre 24 h et 30 jours généralement. Cependant, si ce type d’entreprises est facile à créer et bénéficie des avantages fiscaux, elle présente comme inconvénients le fait qu’il est difficile d’avoir accès aux crédits bancaires en tant qu’entreprise personnelle, de même qu’il est difficile d’avoir accès à la commande publique (marchés publics). Pour créer une entreprise en Afrique centrale, il faut se rendre dans un centre spécialisé, ou généralement dans le ministère en charge des entreprises, des finances, de l’économie, des industries ou encore au sein de l’organe en charge des cotisations sociales. Il faut prévoir au moins 50 000 francs CFA pour créer une entreprise reconnue par l’administration.
Une fiscalité incitative pour les startups
Les pays de la Cemac mettent en œuvre depuis 2016, un ensemble de mesures, dont le but est d’œuvrer à l’amélioration du climat des affaires et à la promotion des investissements locaux. Dans ce sillage, de nombreuses procédures ont été simplifiées, il s’agit notamment de celles relatives à la fiscalité. En plus de la dématérialisation des procédures, qui, dans des pays comme le Cameroun, se fait essentiellement en ligne, les pays de la sous-région accordent des avantages fiscaux aux jeunes entreprises. Ces avantages varient selon les pays et concernent généralement les startups spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication, l’agriculture, la santé.
Les partenaires à solliciter
Les institutions ont pour rôle de promouvoir la création de richesses en favorisant l’installation de nouvelles entreprises et en accompagnant leur développement. Dans ce sens, tous les ministères sont d’emblés des partenaires institutionnels aux entreprises. Toutefois, les ministères et autres institutions les plus souvent sollicités sont ceux en charge des finances, des entreprises, des industries, de la promotion des investissements…Ils sont complétés par des partenaires internationaux qui, pour le cas de l’Afrique centrale, sont généralement l’Agence de la Francophonie, le Fonds Francophone de Soutien aux PME, la Société Financière Internationale, l’Agence Française de Développement et sa filiale Proparco, le Fonds Européen de Développement, le Centre pour le Développement Industriel, la Banque Européenne D’investissement, la Banque Africaine de Développement, et la Banque de Développement des Etats d’Afrique Centrale. Tout n’est cependant rose en Afrique centrale. Les entrepreneurs ont encore du mal à créer leurs entreprises du fait notamment de la lourdeur des procédures dans certains pays, du trafic d’influence, de la corruption et du difficile accès à la bonne information.
Canicha Djakba