5808 milliards de dollars : c’est le montant global des fortunes privées en Afrique à fin 2021, soit une hausse de 417 milliards de dollars (+7,7%) sur un an. Le « Global Wealth Report », publié le 20 septembre dernier par le Credit Suisse Research Institute (CSRI) du groupe bancaire Credit Suisse, fournit des éclairages intéressants sur l’évolution du niveau des richesses des ménages africains en 2021.
Les données produites le CSRI permettent de savoir que la croissance des richesses des habitants du continent a été marquée par une augmentation sensible des actifs financiers (+ 11,9%), si les actifs non financiers n’ont connu qu’une croissance de 3,7%. Les actifs financiers des ménages sur le continent ont ainsi augmenté de 306 milliards de dollars alors que les actifs non financiers ont généré 121 milliards de dollars supplémentaires. Ces derniers sont surtout constitués par l’immobilier.
Le rapport de Crédit Suisse note également que la fortune moyenne par adulte en Afrique s’est élevée à 8 419 dollars l’année dernière, soit une hausse de 4,7% par rapport à 2020. L’Afrique du Sud et le Nigéria affichent les meilleures performances dans ce domaine. La richesse par adulte était de 21 601 dollars en Afrique du Sud à fin 2021, bien au-dessus des 8 419 en moyenne pour le continent dans son ensemble. Pour le Nigéria, première puissance économique du continent, la richesse par adulte s’élevait à 7 618 dollars.
Si l’on compare la croissance des fortunes privées des différentes parties du monde, on remarquera que l’Amérique du Nord est en tête du classement, en représentant près de 50% de l’augmentation enregistrée en 2021. La Chine se trouve en seconde place avec une part tournant autour de 25% sur la même période. L’Afrique se situe à moins de 3% dans cette rubrique. Cela s’explique notamment par le fait que l’augmentation des fortunes privées au niveau planétaire provient en grande partie des marchés boursiers et des mesures de soutien de l’économie appliquées par les banques centrales.
Il ressort en outre que la part de richesse des 1% les plus riches du monde a augmenté pour la deuxième année consécutive, pour atteindre 45,6% en 2021, contre 43,9% en 2019. Le club des millionnaires en dollars des États-Unis a accueilli 5,2 millions de membres supplémentaires en 2021, et leur nombre total atteignait 62,5 millions de personnes dans le monde. Quant à l’Afrique, elle enregistre aujourd’hui 136 000 millionnaires en dollars si l’on se réfère au rapport du cabinet d’étude britannique Henley and Partners. De son côté, la firme de conseil Capgemini a indiqué qu’à fin 2021, l’Afrique comptait environ 200 000 particuliers fortunés ayant un patrimoine cumulé de 1800 milliards de dollars.
Quelles sont les perspectives ?
D’après les analystes du CSRI, les prix des actifs sont déjà sur une tendance à la baisse. Mais constat a aussi été fait que la richesse moyenne au sein des pays et dans le monde entier montre que les inégalités de richesse ont diminué au cours de ce siècle en raison de l’accélération de la croissance dans les marchés émergents. La richesse moyenne mondiale a augmenté environ deux fois plus vite que la richesse mondiale par adulte et beaucoup plus rapidement que le PIB mondial. Les ménages moyens, dont ceux vivant en Afrique, ont ainsi pu accroître sensiblement leur richesse ces 20 dernières années.
Et les analystes de poursuivre que l’inflation mondiale et la guerre entre la Russie et l’Ukraine sont susceptibles d’entraver la création de richesse réelle au cours des prochaines années. Néanmoins, la richesse mondiale en dollars américains nominaux devrait augmenter de 169 000 milliards de dollars d’ici 2026, soit une augmentation de 36%. Le groupe des pays à revenu faible ou intermédiaire, dans lequel se trouve la majorité des nations africaines, représente actuellement 24% de la richesse, mais représentera 42% de la croissance de la richesse au cours des cinq prochaines années. La richesse mondiale par adulte devrait augmenter de 28% d’ici 2026 et franchir le seuil des 100 000 USD en 2024. Le nombre de millionnaires devrait également augmenter sensiblement ces cinq prochaines années, pour atteindre 87 millions.
Nannette Hechler-Fayd’herbe, Chief Investment Officer pour la région EMEA et Global Head of Economics & Research au Credit Suisse, a noté que, bien qu’une certaine inversion des gains exceptionnels de richesse de 2021 soit probable jusqu’en 2023, étant donné que plusieurs pays doivent faire face à un ralentissement de la croissance, les perspectives à cinq ans prévoient que la richesse continuera de croître dans les régions du monde, l’Afrique incluse. « Une inflation plus élevée entraîne également des valeurs prévisionnelles plus élevées pour la richesse mondiale lorsqu’elle est exprimée en dollars américains courants plutôt qu’en dollars américains réels », a-t-elle aussi précisé.