Les projections effectuées par le Center for economics and business research de Londres, les analyses effectuées par le Fonds Monétaire International (FMI) et les réflexions menées par l’Union Africaine permettent de connaitre les pays qui constitueront la liste des 10 puissances économiques africaines à l’horizon 2035.
Selon les analystes, d’importants changements sont attendus en Afrique au plan des performances économiques des pays. Si le Nigeria devrait garder son rang de première économie parmi les 54 que compte le continent, en 2035, les prévisionnistes estiment également qu’il gagnera 11 places au niveau mondial en passant de la 38e à la 27e. Concernant l’Afrique du Sud, l’ancienne première puissance économique du continent et au 42e rang dans le classement mondial actuel, elle devrait se contenter de la troisième place devant l’Egypte. Le pays des Pharaons, en plus d’être la seconde puissance économique d’Afrique, figurera aussi parmi les 40 économies du monde en termes de Produit Intérieur Brut (PIB).
En 2035, le Kenya et l’Ethiopie vont occuper les 4e et 5e places du top 10 au détriment de l’Algérie et du Maroc, actuels 57e et 59e et futurs 60e et 63e mondiaux. Les deux pays de l’Afrique de l’Est vont passer respectivement de la 83e et 102e places mondiales à la 53e et 55e mondiale. Ainsi, les deux pays maghrébins seront 6e et 7e dans le classement continental à l’horizon 2035. Ils seront suivis de l’Angola (8e africain et 64e mondial) qui remonte la pente après avoir été rétrogradé à la 74e place suite à la crise pétrolière qui a éclaté à la fin de 2014.
Enfin, on retrouvera la Côte d’Ivoire à la 9e place du classement africain (66e mondial contre 73e actuellement), et la Tanzanie qui occupera la 69e place mondiale contre la 75e en actuellement. Le Ghana, qui fait face actuellement à des difficultés économiques, se positionnera au pied du top 10 africain des futures puissances économiques en 2035. Il gagnera néanmoins deux places mondiales, passant de la 72e à la 70e place mondiale. Le Ghana sera suivi de la République Démocratique du Congo (12e), la première puissance économique de l’Afrique centrale.
Des économies en transformation
Le rapport phare de l’Union africaine intitulé « Dynamiques du développement en Afrique », publié avec le soutien du Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rappelle que depuis 2000 jusqu’à l’arrivée de la crise du Covid, le produit intérieur brut (PIB) du continent a affiché un taux de croissance impressionnant, avec un rythme annuel de 4.6 %. La demande intérieure, qui s’oriente progressivement vers les produits transformés, représente 69 % de cette progression. La Zone de libre-échange continentale africaine suscite aussi l’espoir de voir émerger un marché panafricain propice à l’industrialisation et à l’émergence économique de plusieurs pays du continent.
Pour les économies d’Afrique de l’Est, dont trois pays figurent dans le top 10 (Kenya, Ethiopie et Tanzanie), le rapport note qu’elles s’affranchissent progressivement de l’agriculture de subsistance pour se tourner vers les services, l’agro-industrie à valeur ajoutée et les industries manufacturières à fort taux de main-d’œuvre. Le secteur tertiaire est le premier contributeur à la valeur ajoutée de la région.
En Afrique du Nord, représentée par l’Egypte, le Maroc et l’Algérie dans le classement, certaines économies opèrent une diversification dans des activités plus intensives en technologie quand d’autres comptent sur l’exportation des ressources naturelles, notamment le gaz et le pétrole. Les exportations offrant un avantage comparatif latent sont plus diversifiées en Égypte et au Maroc que dans d’autres pays comme l’Algérie.
Pour l’Afrique de l’Ouest, représentée par le Nigéria et la Côte d’Ivoire dans le classement, l’enjeu est d’aller d’une économie tributaire des exportations de produits non transformés, issus notamment des industries extractives et de l’agriculture, à celle plus industrialisée, pour une meilleure compétitivité dans les chaînes de valeur. Il s’agit également de progresser encore sur le front de l’intégration économique et financière. Ce qui sera aussi le défi à relever pour l’Afrique centrale.
Enfin, en Afrique australe, représentée dans le classement par l’Afrique du Sud et l’Angola, les pays les plus compétitifs sur le plan économique seront ceux qui sauront surmonter le risque de désindustrialisation. Raison pour laquelle la stratégie d’industrialisation de la Communauté de développement de l’Afrique australe cherche à placer la région dans une trajectoire d’activités industrielles à valeur ajoutée et axées sur la connaissance pour s’affranchir de la dépendance aux produits de base.
La rédaction